Qui sont-ils? Des militants organisés au sein du collectif "Les Tickets Jaunes".
Pourquoi communistes? Voir tout en bas du statut suivant :
https://www.facebook.com/58316144215383 ... &__tn__=-R
Combien sont-ils? "Une dizaine de membres" (source : Alsace 17/3/19)
Quelles sont leurs revendications? La création d'un "Conseil mobilité", "chargé de faire au plus vite des propositions pour que la gratuité des transports en commun se mette en place".
Quelle est leur influence actuellement? Quasi-nulle (au point que j'ai renoncé à en parler dès la semaine dernière pour éviter de leur faire de la pub). C'était avant que le journal "L'Alsace" ne leur consacre la 3e page du cahier "région" de ce dimanche. Le nombre de "likes" de leur page Facebook a alors explosé, passant de 95 à 105. Je me suis dit que c'était peine perdue.
D'autres agglos ont-elles franchi le pas?
Dunkerque est celle dont la taille se rapproche le plus de M2A, mais avec 198 000 habitants pour 17 communes, difficile de la comparer avec M2A et ses 262 000 habitants répartis sur 39 communes. Surtout, on peut lire, toujours dans les colonnes du journal l'Alsace, que le "record de fréquentation" sur le réseau de Dunkerque est de 66 300 montées le 5 mars. Pour rappel, Soléa et son réseau payant, c'est en moyenne 113 000 voyages par jour. Voilà pour l'attractivité de la gratuité.
Comment financer une telle mesure?
Elle est infinançable, raison pour laquelle aucune grande agglo de ce pays n'a franchi le pas. Selon Denis Rambaud, qui gère le réseau pour M2A, cela représente un "ticket d'entrée à 16 millions d'euros chaque année". Auxquels il faudrait sans doute ajouter le coût des bus et des chauffeurs supplémentaires, afin de ne pas saturer le réseau.
Et c'est là qu'entrent en jeu les dangereuses lunes communistes. Le seul moyen de "financer la gratuité", pour ce collectif, c'est un "moratoire sur les dettes publiques", l'"arrêt du remboursement des dettes publiques".
Dans cette vidéo, le conseiller municipal à Wittenheim Philippe Duffau déclare, vers 6 minutes 45 : "cette dette est un faux problème. Il y a des économistes qui disent que près de 60%, ou 66% de cette dette est illégitime, qu'elle est créée de toutes pièces et que l'Etat français ne devrait même la rembourser."
Pourquoi la "gratuité", il faut s'y opposer?
- Les recettes voyageurs représentent sur le réseau Soléa, en 2017, 10,4 millions d'euros, hors récupération de la TVA, somme qui sera donc demandée à tous les contribuables de M2A, y compris ceux qui ne prennent pas les transports en commun.
- La "gratuité" engendre une dégradation de la qualité de service, principalement en raison de l'afflux supplémentaire de voyageurs.
- Le réseau actuel et celui qui va être mis en place en septembre n'ont pas été conçus pour être adaptés à la gratuité. Pour répondre à la nécessité d'adapter l'offre à un afflux massif de nouveaux usagers, M2A devrait consentir à des investissements supplémentaires. Ou dégrader les conditions de déplacement de ceux qui sont prêts à payer.
- Le personnel de Soléa n'a pas le statut de fonctionnaire, et beaucoup de salariés estiment que la reconnaissance de leur activité passe par une contribution financière de leurs clients, même symbolique (au sens où elle ne couvre pas l'intégralité des frais de fonctionnement).
- Le fait de devoir payer crée une forme de respect entre l'usager et le conducteur et des obligations de part et d'autre. C'est un garde-fou contre ceux qui oublient que le conducteur est un être humain et pas juste une machine qui nous conduit d'un point A à un point B, quelles que soient les conditions.
- Les transports en commun sont déjà bon marché. 1.5€, bientôt 1.4€ pour un voyage. C'est encore moins cher quand les tickets sont achetés par 10. C'est encore moins cher avec un abonnement. Si ça ne suffit pas à attirer les automobilistes qui doivent payer des montants incomparablement plus élevés pour pouvoir se déplacer, il est peu probable que la gratuité soit un argument convaincant pour eux.
- L'argument écologique ne tient pas : la France représente 0.9% de la population mondiale, M2A représente 0.4% de la population française, M2A représente donc 0.0036% de la population mondiale. Comme tout le monde n'est pas automobiliste, que chaque automobiliste n'a pas vocation à abandonner sa voiture pour les transports en commun même s'il ne paye pas, et qu'un bus, ça pollue malgré tout (moins qu'une voiture en général, sauf quand il y a 3 personnes dans le bus...), je vous laisse imaginer l'impact sur les émissions de gaz à effet de serre de la "gratuité".
Il me paraissait indispensable d'apporter un contrepoint. Merci de m'avoir lu.