Règlements de comptes sur le Grand Ouest

Le conseil de la Communauté urbaine de Strasbourg a adopté hier l’avant-projet d’extension de la ligne A qui reporte notamment la desserte du Zénith et d’Oberhausbergen à l’horizon 2015-2020.


Le débat a déjà eu lieu en conseil de CUS, quasiment dans les mêmes termes, au moment de l’approbation du bilan global de la concertation (juillet 2009) ou du lancement des études d’avant-projet (novembre de la même année).

Mais à la veille des cantonales, la tentation de briser des lances sur un sujet « porteur » devait être trop forte. Le conseil a donc remis le couvert, hier, au sujet de l’avant-projet d’extension « en fourche » de la ligne A.

Des « incertitudes pesant sur la VLIO et l’urbanisation de la porte ouest »

Pour mémoire (notre édition de vendredi), avant d’être soumis à la concertation, la branche A1 devait prolonger la ligne A du Maillon jusqu’à Oberhausbergen et le parc des expos un temps envisagé à Eckbolsheim.

Prenant acte des « incertitudes pesant sur la Voie de Liaison Intercommunale Ouest) et l’urbanisation de la porte ouest », l’avant-projet adopté ce vendredi reporte cette extension à l’horizon 2015 pour s’arrêter dans un premier temps au niveau du parc des Sports de Hautepierre. Une option qui laisse pour l’heure le Zénith « en plan ».

L’autre branche de la fourche – dite A2 – pique, comme prévu, vers les Poteries. Changement notable depuis le lancement de la concertation : la délibération ne mentionne plus que deux stations au lieu des trois prévues à l’origine. L’une se trouve au nord de l’autoroute, au niveau de l’avenue Corneille ; l’autre dessert le lycée Rudloff. Exit la troisième, planifiée au bout de la rue Eluard.

Pour Jean-Emmanuel Robert (UMP), le timing de cette délibération sent le « coup électoral ». Sur le fond, le conseiller strasbourgeois déplore par ailleurs que le Zénith ne soit pas desservi. « Koenigshoffen et les communes de l’Ouest sont les grandes oubliées de ce tracé », appuie le candidat dans le canton 9.

Un « coup électoral »

Maire d’Eckbolsheim, André Lobstein (UMP) opine du chef. L’élu ne digère toujours pas ce tracé, qui inflige, selon lui, « une triple peine » aux habitants de l’Ouest. « L’extension de la branche A2, par la route de Wasselonne, n’est même pas phasée ou étudiée, alors que cette courte prolongation [vers Eckbolsheim] permettait la desserte de dizaines de milliers d’habitants », assène-t-il. « En outre, nous n’avons droit à un raccordement aux futures stations par une ligne de bus. Et vous ne prévoyez aucun P + R pour permettre aux habitants de l’Ouest d’accéder à la branche A2 au niveau du lycée Rudloff », conclut-il.

« Les 2 km aujourd’hui discutés coûtent aussi cher que les 4,8 km approuvés en 2009. Soit le scénario initial était surréaliste, soit c’est une arnaque aux subventions de l’État », renchérit sa collègue strasbourgeoise Anne Schumann (Nouveau Centre).

Dans la majorité strasbourgeoise, Marie-Dominique Dreyssé (Verts) et Serge Oehler (PS) donnent aussi de la voix pour réclamer une station supplémentaire sur la branche A2, afin d’améliorer la desserte de la zone d’activité des Forges et de Koenigshoffen.

Sur ce point, Roland Ries, 1 er vice président de la CUS et président de la CTS, est prêt à transiger. « Déplacer la station Eluard ou implanter une station supplémentaire, pourquoi pas ? Je ne suis fermé à aucune des deux options. »

En revanche, en matière de tracé, pas moyen de s’entendre avec le maire d’Eckbolsheim. « André Lobstein a de la suite dans les idées, moi aussi. La liaison entre Wolfisheim, Eckbolsheim et le centre de Strasbourg doit se faire naturellement par la route des Romains sans passer par Hautepierre. Elle se fera entre 2015 et 2020. »

Quand au coût, le maire rappelle à Anne Schumann « qu’il s’agit de réaliser 2 km dans un premier temps, mais que le périmètre de la délibération programme bien 3,5 km, avec une subvention de l’État revue légèrement à la baisse ». Pour l’édile, le compte y est.

Le conseil approuve finalement l’avant-projet : 14 voix « contre », 9 abstentions, 52 voix « pour ».

Manuel Plantin

« Les 2 km aujourd’hui discutés coûtent aussi cher que les 4,8 km approuvés en 2009. Soit le scénario initial était surréaliste, soit c’est une arnaque aux subventions de l’État », renchérit sa collègue strasbourgeoise Anne Schumann (Nouveau Centre).
Dans la majorité strasbourgeoise, Marie-Dominique Dreyssé (Verts) et Serge Oehler (PS) donnent aussi de la voix pour réclamer une station supplémentaire sur la branche A2, afin d’améliorer la desserte de la zone d’activité des Forges et de Koenigshoffen. Sur ce point, Roland Ries, 1 er vice président de la CUS et président de la CTS, est prêt à transiger. « Déplacer la station Eluard ou implanter une station supplémentaire, pourquoi pas ? Je ne suis fermé à aucune des deux options. »