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Globe, le grand magasin du centre-ville de Mulhouse, est au bord de la procédure de sauvegarde. La situation s’est dégradée depuis l’année 2012 et un plan de licenciements est à prévoir. Le point sur la situation actuelle.
La scène se passe le lundi 7 janvier lors d’une discussion avec Yves Stoffelbach, gérant du magasin Globe à Mulhouse. On est là pour discuter des soldes mais, au détour de la conversation, Yves Stoffelbach avoue que l’année 2012 a été « mauvaise » et qu’il ne sera pas possible de poursuivre sur cette même tendance. « Clairement, si la conjoncture ne s’améliore pas, nous ne pourrons pas continuer. Mais je vous demande de ne pas en parler. » Fin du premier acte.
Des chiffres inférieurs aux prévisions
Un mois plus tard, de nouvelles informations arrivent à la rédaction. La centaine de salariés n’a toujours pas reçu son 13e mois pour l’exercice 2012 et, devant l’inquiétude générale, Yves Stoffelbach organise, le samedi 9 février, une rencontre avec tout le personnel. Malgré notre demande, le gérant refuse de confirmer ces inquiétudes et nous répond par courriel un « Je reviendrai vers vous dès que l’actualité le dictera » qui sonne comme une fin de non-recevoir.
Contactée indirectement, une élue au CE refuse également de s’exprimer dans la presse, malgré une inquiétude « grandissante » sur la santé du grand magasin qui emploie actuellement – selon nos dernières informations – 91 personnes, une grosse vingtaine de démonstratrices, alors que d’autres salariés sont rattachés aux enseignes Cleor (bijoux), JouéClub (jouets) et Douglas (parfumerie). Ces personnes ne sont pas concernées par les difficultés de la S.A.R.L. Grands Magasins du Globe, mais elles seront forcément impactées par une baisse d’activité, voire une cessation d’activité du Globe. Ce que l’on sait également, c’est que le gérant du Globe cherche depuis plusieurs mois de nouveaux investisseurs mais que, dans le contexte actuel, cette recherche est peu fructueuse. Plusieurs investisseurs de la place de Mulhouse ont décliné la proposition.
Le nouvel élément en notre possession est un courrier du 31 janvier 2013, envoyé à Yves Stoffelbach par le cabinet LBH Conseils (expertise comptable), déjà missionné pour une procédure d’alerte phase 1 au début de l’année 2012. Le commissaire aux comptes de LBH Conseils constate : « Il apparaît que les chiffres d’affaires du 2e semestre 2012 sont nettement inférieurs aux prévisions et il en résulte de nouvelles tensions sur votre trésorerie ainsi que des incertitudes sur l’évolution de la situation financière à court terme. » Il souligne que « cette situation est susceptible de compromettre la continuité de l’exploitation » et demande au gérant « [son] analyse accompagnée des mesures envisagées » – sous-entendu pour redresser les comptes de l’entreprise.
Une menace certaine pèse sur la continuité de l’exploitation
La réponse d’Yves Stoffelbach, en date du 23 février, est d’une clarté alarmante. Il confirme l’environnement économique dégradé, les problèmes de trésorerie et la baisse de l’activité de 20 % au second semestre 2012. « Dans ces conditions, il est évident qu’une menace certaine pèse sur la continuité de l’exploitation, d’autant que les premiers indicateurs de 2013 sont également baissiers. » Yves Stoffelbach confirme être en relation « avec deux investisseurs potentiels » , mais ne se montre guère optimiste pour les jours prochains : « Il apparaît aujourd’hui clairement que l’option de l’ouverture d’une procédure collective doit être envisagée sérieusement. À cet égard, nous avons pris attache avec notre conseiller en droit des sociétés, afin qu’il prépare un dossier pour requérir l’application d’une procédure de sauvegarde courant du mois de mars devant le tribunal de commerce. »
D’après nos informations, cette procédure de sauvegarde prochainement appliquée pourrait signifier un premier volet de 40 licenciements. Il est également évident que cette procédure, pour une enseigne centenaire aussi vaste et située au cœur du centre-ville, est une épouvantable nouvelle pour le commerce mulhousien, le plan Mulhouse grand centre et la municipalité actuelle. Ce n’est pas un hasard si, selon nos informations, Yves Stoffelbach a rencontré récemment le maire et un adjoint pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Contacté hier, Yves Stoffelbach « en vacances » n’a pas souhaité répondre à nos questions « avant lundi prochain ».
le 27/02/2013 à 05:00 par Laurent Gentilhomme