On a un "magnifique" stade dont on ne sait plus quoi faire à présent ! Heureusement qu'on ne l'a pas rénové !
Strasbourg / 29 000 places disponibles pour des matches amateurs
Meinau cherche locataires
Le choix du Racing de démarrer la saison en CFA 2 engage aussi la Ville de Strasbourg : un stade de la Meinau en état de marche coûte près de 500 000 euros. Une somme qu’aucun club amateur ne peut régler. Ce sera donc au contribuable de la CUS, propriétaire du stade, de régler cette note avec les repreneurs. Des pistes sont explorées pour partager ce fardeau financier.
La perspective d’assainir les finances d’un club en redémarrant au plus bas de l’échelle sportive a sa logique financière. Celle de créer une dynamique de victoire, en sortant de la spirale de l’échec, a sa pertinence sur le plan sportif. C’est d’ailleurs sur ce terrain que Frédéric Sitterlé – nouvel homme fort du Racing, qui porte le projet de reconstruction du club « sur des bases saines […] en effaç [ant] les ardoises » –, envisage les choses. « L’objectif est de marquer des buts, gagner des matches et de monter », déclarait-il hier, peu avant que le club soit liquidé sur décision du Tribunal de grande instance (lire en pages sports).
Colosse aux pieds d’argile
Telle est la teneur du nouveau plan d’attaque qui se dessine du côté des rives du Krimmeri qui a pour but de redresser l’ex-colosse de la Ligue 1 de football, qui a montré ces dernières années qu’il avait en réalité des pieds d’argile. Au nom de la pérennité du plus grand club sportif régional, qui vient de perdre son leadership régional au profit de Colmar. Et qui va tenter de le reconquérir.
Reste que cette relégation volontaire – très loin des sommets de la Ligue 1 – n’a pas seulement des conséquences sportives et émotionnelles pour les fans du Racing. Outre son nouvel investisseur qui redémarre le club avec la marque Racing, elle engage aussi, de facto, le contribuable communautaire puisque, sauf à laisser le stade être envahi par la végétation et les fientes de pigeons, quelqu’un devra payer la facture pour qu’il soit en état de fonctionner. Et ce pour une équipe qui évolue au 5 e niveau national, comme Illzach-Modenheim, qui devrait être le premier hôte des lieux, le 3 septembre prochain.
Autant dire que cette optique ne doit pas spécialement réjouir l’exécutif de la CUS, qui va sans doute devoir sortir son carnet de chèques pour régler certaines affaires courantes… Une année passe encore, mais le temps de remonter chaque année d’un niveau, de retrouver un statut professionnel – sans doute pas avant d’être en Ligue 2 –, pour intéresser de gros sponsors et profiter des lucratives retombées des retransmissions télé, il va falloir se montrer patient.
« Si l’on redouble une classe, ce n’est pas grave. Cela fait partie des aléas du sport… », considérait Frédéric Sitterlé ( DNA d’hier), pour ne pas mettre une pression folle à la nouvelle équipe qui va tenter ce défi.
Partage des coûts entre CUS et repreneur
Pas grave… Pas grave… C’est vite dit, a dû sursauter le président de la CUS, Jacques Bigot, qui a pour sa part des comptes à rendre sur sa gestion des deniers publics. Et 500 000 euros environ, chaque exercice, pendant trois ou quatre ans, avant d’avoir un club capable de payer son loyer et de prendre le relais du contribuable, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval.
« En réalité, le Racing en National nous a coûté 1,2 million d’euros en subventions diverses : panneaux, maillots, retour d’image pour la ville », tente de tempérer Alain Fontanel. « Ce coût en CFA 2 va nettement baisser », prévoit l’élu en charge des finances de la CUS. Sauf que l’entretien (pris en charge l’an dernier encore par le club) va sans doute revenir en partie à la collectivité. C’est ce partage des coûts qui se négocie en ce moment avec le repreneur. « Il va falloir être patient , a prévenu Frédéric Sitterl é, qui s’attend à « cinq années douloureuses et cinq autres difficiles… »
Une fois ce diagnostic partagé, comment gérer au mieux cet encombrant équipement, qui comporte aussi les locaux du centre de formation. La perspective de démolir ce « Vélodrome strasbourgeois », comme l’a appelé Alain Fontanel, n’a jamais dépassé le stade de la rumeur.
« Pas rentable pour le délégataire »
Faut-il alors confier cette gestion à un partenaire délégataire de service public (DSP), comme la Ville de Grenoble vient de le faire (lire ci-dessous) ? A charge pour lui de trouver comment occuper le site, en dégageant des profits par la location : outre la pelouse, il y a des bureaux et des salons sur quelque 400 m². Ou alors de rapatrier des services de la CUS qui sont actuellement locataires de bâtiments qu’ils occupent. Histoire de faire des économies.
« Une DSP n’est pas d’actualité » car « pas forcément rentable », pour Alain Fontanel, dans une « ville où il y a un Zénith et le Rhénus ». « Le plus urgent est aujourd’hui de préserver l’intégrité du site, car nous n’avons pas signé pour l’heure de convention d’occupation de site, avec des objectifs clairs pluriannuels », déclare le vice-président de la CUS. Avant d’annoncer : « Le Racing aura en effet 15 matches à jouer à domicile et rien ne dit qu’ils auront tous lieu à la Meinau si en hiver ou en cours de saison il y a moins de monde au stade ».
Philippe Dossmann
http://www.dna.fr/fr/strasbourg/info/55 ... locataires
Et les DNA prennent l'exemple d'une ville de taille similaire à quelques centaines de kilomètres, qui est un peu dans la même galère.
Grenoble renvoie la balle vers le privé
Si Grenoble n’a pas le même palmarès, ni le même enracinement que le Racing, son ascension n’en a pas moins été fulgurante. Et aujourd’hui, le GF38 est également en CFA 2 avec un stade vide et onéreux.
Le stade des Alpes, construit en bordure du parc Paul-Mistral, a été inauguré en février 2008. Conçu à l’anglaise (la pelouse est à moins de dix mètres des premiers spectateurs), il peut accueillir 20 000 personnes.
C’est surtout une vraie réussite esthétique. Avec vue imprenable sur les massifs de Belledonne, Chartreuse et Vercors. Coiffé d’une immense verrière de 70 000 m² qui joue le rôle de barrière acoustique, le stade des Alpes a misé sur les panneaux solaires qui assurent 20 % de ses besoins en électricité.
Transfert de risques
Mais aujourd’hui, cette pantoufle de verre n’a plus de prince charmant. Le GF 38, après un passage de deux saisons en L1, est en liquidation judiciaire et a été rétrogradé en CFA2.
Et le carrosse a beau être redevenu citrouille, un stade coûte de l’argent. C’est pour cette raison que la communauté d’agglomération Grenoble Alpes Métropole, appelée communément La Métro, a décidé d’arrêter les frais.
D’une part, il faut rappeler que ce petit bijou a coûté plus cher que prévu. Financée sur des fonds publics, la facture du stade grenoblois s’est élevée à 73,7 millions d’euros, alors que la mise de départ en 2002 ne devait pas excéder 55 millions.
D’autre part, le déficit du stade des Alpes est constant : 770 000 euros en 2009 et 670 000 en 2010.
Fin avril, le conseil de la Métro a donc voté (à l’unanimité moins une voix) la délégation de service public (DSP) pour la gestion de l’équipement.
Concrètement, cela signifie qu’un opérateur privé s’occupera de « l’exploitation du service public et de la globalité des activités proposées par le Stade des Alpes à ses risques et frais. »
Le futur délégataire qui ne sera pas désigné avant mars 2012 percevrait alors une rémunération (exploitation de l’équipement et compensation de la Métro), mais verserait une redevance à la communauté d’agglomération qui « assume le sportif, le gros entretien et renouvellement, les investissements nécessaires à la viabilisation des espaces commerciaux et le développement des fonctionnalités », comme le rappelle Gilles Moulin, vice-président en charge des équipements sportifs, dans les colonnes du Dauphiné Libéré.
Réduire les dépenses et mieux faire vivre le site grâce à ce transfert vers le privé, la DSP est donc le mode de gestion retenu par les élus grenoblois qui permet « un pilotage global avec un interlocuteur unique sur les grands spectacles. »
La Meinau n’a pas le même pouvoir d’attraction
Reste à savoir si cette gouvernance est viable à la Meinau. Et si oui, comment attirer un opérateur privé. Un méga concert devant 30 000 spectateurs ? Les artistes répondant à ces critères ne courent pas les scènes et celle du Zénith (12 000 places) est déjà conséquente.
De plus, ce n’est pas en réussissant un coup que le stade strasbourgeois amortira ses coûts.
Pour cela, une gestion au quotidien est nécessaire avec l’organisation d’événements, de salons, d’expositions, de congrès, de séminaires.
Mais si Grenoble peut encore faire scintiller sa pantoufle de verre, l’éclat de la Meinau que ni Patrick Proisy, ni Philippe Ginestet n’ont réussi à sublimer, a quand même pris un sacré coup de vieux.
Patrick Schwertz
http://www.dna.fr/fr/strasbourg/info/55 ... s-le-prive