Eh bien finalement, le projet sera revu...
Strasbourg Place du Château Le projet remis à plat
Devant la levée de boucliers, l’aménagement de la place du Château présenté le 30 septembre sera amendé, a annoncé hier Roland Ries. « Pas de passage en force », mais des ajustements « importants ». Une chose est aujourd’hui sûre : il y aura des arbres supplémentaires.
Une volée de bois vert avec une future place trop minérale, pas assez d’arbres, une concertation qui a montré ses limites. N’en jetez plus… L’aménagement de la place du Château a fait l’unanimité contre lui : dix platanes aujourd’hui (lire ci-dessous), deux arbres demain dans le projet actuel… Depuis trois semaines, historiens, riverains, simples citoyens, tous amoureux de leur ville, ont dit leur déception, « parfois avec virulence et férocité », comme l’admet Roland Ries. Dalle après dalle, arbre après arbre, mât lumineux après fontaine sèche, tout a été épluché avant d’être « démoli ».
Rares sont ceux qui ont été convaincus par la proposition du groupement conduit par Catherine Linder Paysage (paysagiste). Et pourtant de l’avis du jury du concours, le projet de ce groupement répondait le mieux au cahier des charges, car il prenait en compte les dimensions à la fois patrimoniale, historique et urbaine du site. Au terme d’un processus d’un an rassemblant particuliers, associations, professionnels et services de la Ville, sous l’autorité de Robert Herrmann, premier adjoint. « Une année de discussions sur ce que l’on peut faire et sur ce que l’on ne peut pas faire… ».
Patatras… La présentation publique du projet le 30 septembre a jeté définitivement un froid. Déclenchant une salve d’attaques.
Flairant le danger, Roland Ries est sorti du bois, hier. « Aucune décision n’est prise, a-t-il corrigé. J’écoute ce que les gens disent. J’ai déjà fait la même chose pour le palais des fêtes. L’arbitre final, c’est le maire. Et après lui, c’est le conseil municipal. »
Raison de plus pour tout mettre à plat : « Le projet doit évoluer dans le cadre du processus de dialogue engagé ». Oui, mais alors, comment concilier des intérêts contradictoires ? Entre les tenants du « pas d’arbres du tout », les partisans du « plus de nature en ville » et les tenants du statu quo, Robert Herrmann aura fort à faire au cours des prochaines semaines. Autant dire un numéro d’équilibriste.
Pour la suite du projet, précise Pierre Laplane, directeur des services de la Ville, « ce qui sera mieux pris en compte pour ce projet qui sera amendé, ce sont les différents usages de la place qu’il faut combiner : le lieu de vie avec le parvis du lycée, ainsi que l’ombre des arbres en été. C’est une place pour tous et pas seulement une vitrine pour les touristes. »
Machine arrière toute ? Évidemment que non, tranche le maire de Strasbourg. « Je revendique haut et fort la méthode, car il n’y en a pas d’autre possible. »
Il est bien placé pour le savoir : l’efficacité de la concertation qu’il a érigée en modèle ne tient pas seulement aux bonnes intentions, elle dépend d’abord de l’adhésion qu’elle rencontre.
A la recherche du point d’équilibre « sans rabioter le projet »
Pas question pour autant de tout effacer d’un trait de plume. « Laisser la place du Château en l’état n’est pas raisonable, depuis qu’elle est piétonne. Il y a eu un concours public et Madame Linder l’a remporté. La procédure a été respectée scrupuleusement. A nous de trouver le point d’équilibre sans rabioter le projet », avertit Roland Ries.
Quid des 10 arbres actuels de la place ? » Ils sont en fin de vie », diagnostique le docteur Ries qui se dit prêt à tout étudier : « On pourrait très bien imaginer de planter l’un ou l’autre arbre supplémentaire, comme c’est le cas à Paris devant le Palais royal… ». Et même d’autres essences d’arbres plus élancés.
Entre le souhaitable et le possible, il faudra trancher.
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg ... mis-a-plat
Dix arbres en petite forme
Des guirlandes que l’on ne devrait plus voir les années à venir si les maronniers venaient à être rasés.
Un diagnostic sur l’état de santé des marronniers de la place du Château est resté dans les placards. Or, dès 2009, ce rapport révèle que les arbres sont en mauvaise santé.
« Nous n’avons pas une politique d’abattage systématique des arbres en ville », répond Roland Ries à ses contradicteurs qui font mine d’assister, impuissants, à un massacre annoncé des arbres dans la ville, lorsqu’un nouveau projet est présenté.
La nature en ville en éliminant des arbres ?
Des Strasbourgeois qui ont du mal à comprendre la contradiction -et qui le signalent dans nos colonnes- de cette politique de renaturation en milieu urbain. D’autant qu’elle se traduit dans les projets présentés par… l’absence d’éléments de verdure et une minéralité excessive, selon eux.
Car outre la place du Château, des riverains s’étaient aussi mobilisés contre l’extension du centre Halles au détriment d’un éventuel projet d’aménagement de verdure dans un secteur déjà fortement contraint.
Le maire a semble-t-il entendu le message (lire ci-dessus). Et dit vouloir en tenir compte. Mais, prévient-il, « il ne s’agit pas non plus de mettre la ville à la campagne, nous n’allons pas planter une forêt sauvage ou mettre un jardin participatif à côté de la cathédrale, cela n’a pas de sens au niveau historique ». Ce que le sénateur-maire entend mettre en œuvre et ce qu’il croit « durable », au contraire, « c’est un projet urbain, avec des éléments de verdure en son sein ».
Qu’en est-il de ces dix arbres sur la place du Château ?
Selon un rapport d’expertise réalisé par le service des espaces verts en 2009, « la majorité des marronniers de cette place sont dépérissants : faible vigueur, production de petits bois mort périphérique, régression du houppier (ndlr : éléments aériens) et réitération traumatiques internes? A cela s’ajoute un affaiblissement général de ces arbres dû à l’action de la larve du papillon cameraria ohridella. »
Et ce n’est pas tout : ces arbres ont de « nombreuses » blessures à la base du tronc — « dues aux chocs répétés des voitures »- qui les affaiblissent. « Certaines blessures peuvent évoluer défavorablement (apparition de champignons lignivores) et impliquer des risques de rupture à terme. » De plus, « les marronniers anciennement réduits présentent des réitérations traumatiques s’insérant sur des points fragilisés (plaies de taille) ».
Verdict : « Avenir compromis » dès 2009 et « renouvellement de l’ensemble des arbres préconisé »
Au final, conclut le rapport sur l’état sanitaire de ces arbres, « les marronniers de cette place ont un avenir compromis. Ils nécessitent un suivi régulier de leur état général de la part du gestionnaire ». Et, ajoute-t-on déjà en 2009, « dans le cadre de travaux de réaménagement de la place, le renouvellement de l’ensemble des arbres est préconisé. »
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