«Le train, c’est la France !»

Venu inaugurer le premier tronçon de la LGV Rhin-Rhône et célébrer les 30 ans de la grande vitesse sur rail, hier dans la gare TGV de Belfort-Montbéliard, le président Nicolas Sarkozy a confirmé le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt sur le « TGV du futur » tout en appelant la filière ferroviaire nationale à se restructurer et à innover.

Invités par la SNCF et RFF, plus de 1 500 cheminots, entrepreneurs et élus, ont assisté hier, dans la nouvelle gare TGV de Belfort-Montbéliard, à l’inauguration du premier tronçon de la LGV Rhin-Rhône par le président de la République. Peu après midi, ce dernier a débarqué sur le quai depuis un TGV Duplex (à deux niveaux) qui portait les couleurs de l’ensemble des cofinanceurs de la nouvelle infrastructure dont la mise en service commerciale interviendra le 11 décembre prochain ( DNA d’hier).

Le chef de l’État et sa suite, parmi laquelle la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, le ministre des transports Thierry Mariani, le ministre de la fonction publique François Sauvadet, le ministre des collectivités territoriales Philippe Richert, avaient été précédés par trois autres trains spéciaux. L’un d’eux, parti de Strasbourg, a permis à la SNCF d’acheminer sur le site plus de 200 invités alsaciens, dont Roland Ries, Guy-Dominique Kennel et Charles Buttner, en circulant, pour les derniers kilomètres, sur la nouvelle ligne fraîchement homologuée.

La première LGV province-province

Après avoir, lors d’un arrêt à la nouvelle gare TGV de Besançon-Auxon, coupé le ruban et échangé avec des cheminots, ouvriers, techniciens et ingénieurs qui ont réalisé et conduit les travaux pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy a choisi l’étape de la gare TGV de Belfort-Montbéliard pour évoquer « l’ambition de la France en matière ferroviaire ». Le président a rappelé, pour commencer, que ce premier tronçon de la LGV Rhin-Rhône – il parcourt 140 km entre Villers-les-Pots, près de Dijon, et Petit-Croix, près de Belfort – était la première liaison à grande vitesse construite en France qui ne passe pas par Paris. « Notre politique d’aménagement du territoire a trop longtemps ignoré l’importance qu’il y avait à relier entre elles les grandes métropoles régionales comme nous le faisons dorénavant entre Dijon, Besançon, Mulhouse et au-delà Strasbourg ou Lyon.»

Quatre chantiers de construction de LGV en cours

En présence de Guillaume Pépy, président de la SNCF, et Hubert du Mesnil, président de RFF, le chef de l’État a confirmé le « respect du calendrier » fixé pour la réalisation de la seconde phase de la branche Est, dont les travaux devraient commencer en 2014 (lire ci-contre). Nicolas Sarkozy a aussi souligné les efforts de son gouvernement qui a lancé simultanément quatre chantiers de construction de LGV et « doublé » la remise en état des voies ferrées anciennes : « Jamais notre pays n’avait connu ça et il faut continuer », a-t-il insisté. Dans cette même optique, le président veut faire preuve d’anticipation « pour imposer la France dans la concurrence mondiale»: l’Ademe, a-t-il précisé, doit rendre public prochainement un appel à manifestation d’intérêt sur le « TGV du futur » doté d’une enveloppe de 150 millions d’euros.

Appel à la restructuration de la filière ferroviaire française

Le président, pour qui « la France dispose d’une des industries ferroviaires les plus performantes au monde », a annoncé sa volonté de « restructurer» la filière ferroviaire nationale pour « continuer à innover et à gagner des parts de marché » et lui permettre « de s’inscrire dans un monde où la compétition n’est pas toujours loyale ».

Alors que l’ouverture à la concurrence du réseau français suscite des craintes parmi les cheminots, Nicolas Sarkozy a tenté de les rassurer : « J’ai souhaité que soit élaboré un cadre social harmonisé entre la SNCF et les nouveaux entrants […] L’ouverture peut ainsi être une opération gagnant-gagnant pour les usagers, les autorités organisatrices et la SNCF. » Au passage, le président n’a pas manqué de célébrer les 30 ans du TGV, conçu non loin, à Belfort, le berceau historique d’Alstom, et dont le premier voyage commercial date du 27 septembre 1981. « Les Français aiment le TGV et j e crois profondément en l’avenir du train, a-t-il lancé pour terminer. Il n’appartient à aucun, à aucune faction. Le train c’est la France ! »

Xavier Thiery
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Grandes dates

- 13 octobre 2011 : mise en vente des billets du TGV Rhin-Rhône.

- 11 décembre 2011 : mise en service commerciale.

- Décembre 2012 : extension des dessertes vers Fribourg-en-Brisgau ; raccordement court à Mulhouse permettant un gain d’environ 20 minutes sur un aller-retour quotidien Strasbourg-Lyon ; ajout à l’offre d’un aller-retour quotidien Bâle-Mulhouse -Lyon-Marseille.

- 2014: début des travaux de réalisation de la seconde phase de la branche Est (Dijon-Mulhouse).

Ils ont dit…

Jean Rottner, maire de Mulhouse : « Cette inauguration est l’aboutissement du travail de tous les élus qui m’ont précédé et particulièrement Jean-Marie Bockel auquel le président a d’ailleurs adressé un clin d’œil particulier. Elle confirme la stratégie qui est la nôtre de faire de Mulhouse une plaque tournante, et essentielle, du ferroviaire. Le fait que toute l’Alsace soit rassemblée ici dans un grand élan de mobilisation me permet aussi d’avancer sur d’autres sujets comme le projet de pôle métropolitain avec Roland Ries. Par contre, concernant ce TGV, nous allons encore devoir travailler sur la connexion avec l’Allemagne et Fribourg qui est encore à petite vitesse, celle avec Lille ou Roissy où il n’y aura que deux TGV par jour. »

Olivier Becht, président délégué aux affaires économiques de Mulhouse Alsace Agglomération : « Ce TGV sera un accélérateur du business pour les entreprises, car sur le plan économique, ce n’est pas la distance qui est importante mais le temps passé. Nous aurons désormais au niveau de l’agglomération un argument choc, un nœud ferroviaire ouvert sur toute l’Europe.»

Charles Buttner, président du conseil général du Haut-Rhin : « J’attendais avec impatience l’annonce du président de la République sur le calendrier de la deuxième tranche de travaux. On s’accorde maintenant pour dire qu’il faudra une enveloppe de 200 millions d’euros pour ces travaux. On sait que la Suisse est demandeuse et prête à s’engager pour 30 millions de francs suisses, l’Allemagne pour 10 millions d’euros. Le conseil général y mettra lui aussi 10 millions d’euros. Car ce TGV Rhin-Rhône est un maillon qui relie mieux la France tout entière à ses voisins.»

Roland Ries, maire de Strasbourg : « Je suis satisfait que la mise en service commerciale de la première phase se réalise le 11 décembre même si la liaison Francfort-Marseille risque de se faire avec quelques mois de retard. Concernant la deuxième phase, j’aurais préféré une convention-relais pour que le chantier puisse continuer sans interruption. Car je m’interroge sur les capacités financières des collectivités et donc sur le respect du calendrier annoncé ; »

Philippe Richert, ministre et président de la Région Alsace : « Cet événement constitue une étape historique qui fait de l’Alsace la première région de France à être desservie par deux lignes à grande vitesse. Le gain de temps d’une heure de l’Alsace vers le Sud et vers l’Ouest renforce la position européenne de Strasbourg et contribue à son rayonnement international. »

Guy-Dominique Kennel, président du conseil général du Bas-Rhin : « Je me réjouis qu’on y soit arrivé. La bataille a été difficile mais une nouvelle s’annonce avec la deuxième phase de la branche Est. Rien n’est acté concernant la répartition du financement. Mais cela devrait pouvoir se faire sans trop de soucis si les collectivités alsaciennes restent unies comme elles l’ont été jusqu’à présent. »
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Plus rapide, mais aussi plus cher : la SNCF dévoile les tarifs du TGV Rhin-Rhône

La mise en service du TGV Rhin-Rhône en Alsace, le 11 décembre prochain, se traduira par des gains de temps vers Paris et Lyon, une augmentation des fréquences et... une hausse des prix de 8,4 %. La SNCF a fixé l’ouverture des réservations au 13 octobre et annoncé une offre de lancement : 150 000 billets à 22 €.

Le temps, c’est de l’argent… La SNCF a appliqué cet adage pour fixer la gamme des prix du TGV Rhin Rhône dévoilée hier, à J-66.

La nouvelle ligne à grande vitesse vers Paris, via Dijon, réduira le temps de parcours de 20 minutes au départ de Mulhouse, par rapport au TGV Est via Strasbourg.

Mais le prix du billet augmente aussi. Il passe de 73,80 € à 80 € pour un trajet en 2 e classe à plein tarif en période normale, soit 6,20 € de plus, ce qui correspond à une hausse tarifaire de 8,4 %. Le billet pour Lyon augmentera dans la même proportion en contrepartie d’un gain de temps d’environ une heure.

« Les prix tiennent compte d’un ensemble de critères », explique Jean-Jacques Henry, directeur du TGV Rhin-Rhône. De la distance parcourue et du temps de parcours mais également de l’augmentation des fréquences, de l’amélioration du confort et des services. « Ces prix ne bougeront pas en 2012 », rassure-t-il.

Selon les statistiques de la SNCF, « huit clients sur dix voyagent en TGV à un prix inférieur au tarif plein ». Grâce notamment aux différentes cartes de réduction. Et aux Prem’s, les bas prix, que l’on peut décrocher si on réserve longtemps à l’avance (comme pour les avions) et qui représenterait « 10 % des places », selon Jean-Jacques Henry.

Autre précision : 60 % des TGV circulent en période tarifaire dite normale et 40 % en période de pointe, où les tarifs sont plus élevés. La différence est sensible. Ainsi, le billet Mulhouse-Paris coûte 80 € en période normale mais 105 €, soit 30 % de plus, en période de pointe.

Lors du lancement du TGV Est, le 10 juin 2007, le billet Mulhouse-Paris coûtait 67 € (plein tarif en période normale). Les tarifs ont augmenté à grande vitesse…

À partir du 11 décembre, l’Alsace sera plus que jamais coupée en deux pôles : les Bas-Rhinois continueront de prendre le TGV Est pour aller à Paris gare de l’Est et les Haut-Rhinois iront à Paris gare de Lyon avec le TGV Rhin- Rhône. Tous les Haut-Rhinois ? Non. Les Colmariens auront le choix. Ils continueront à bénéficier de l’offre TGV Est portée à quatre liaisons par jour et pourront profiter de six aller-retour en TGV Rhin-Rhône, avec des pré-acheminements « bien articulés » en TER à Mulhouse. Mais le prix ne sera pas tout à fait le même : 79 € via Strasbourg et 85 € via Mulhouse, le trajet le plus court. Autre changement : trois des six TGV Rhin-Rhône quotidiens sur la ligne Strasbourg-Lyon s’arrêteront à Colmar.

À Mulhouse, la SNCF porte la fréquence des liaisons vers Paris de sept à onze par jour, dont six TGV Lyria vers Bâle et Zurich. « Nous misons sur une hausse de 30 % du trafic sur cette ligne », signale Michel Loth, directeur régional de la SNCF.

Lors du lancement du TGV Rhin-Rhône, la SNCF mettra en service une première rame à deux niveaux du modèle Euroduplex sur la liaison Paris-Zurich. Ces rames de 509 places, dont les motrices sont construites par Alstom à Belfort et les voitures à Reichshoffen, proposeront de nouveaux services : des places (pour 1 €) dans un « espace calme », une restauration améliorée avec des produits bio, des sièges plus confortables avec prise électrique, un espace famille et un espace vélos.

Quand l’ensemble des rames Euroduplex sera livré, la SNCF proposera 5 500 sièges par jour, dans chaque sens, sur la ligne Zurich-Mulhouse-Paris, soit l’équivalent de 30 Airbus A-320.
http://www.lalsace.fr/actualite/2011/10 ... rhin-rhone

Purée, la chance
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