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Dans L'Alsace de ce dimanche:
Depuis le tram-train, la ligne Kruth-Mulhouse atteint les 6000 voyages par jour.
Il est né, dans la douleur, le 11 décembre 2010. Il a accumulé les pépins et suscité un torrent de protestations et réclamations. Pourtant, au bout d’un an de fonctionnement, le tram-train a bel et bien séduit une nouvelle clientèle, avec 2500 voyages supplémentaires par jour. Jean-Paul Omeyer, président du comité de ligne, fait le point.
Quand on lui demande le premier bilan de fréquentation du tram-train, Jean-Paul Omeyer, président du comité de ligne Thann-Kruth et conseiller régional, précise d’emblée : « Il convient d’être prudent. Il faut trois ans pour avoir la vérité des chiffres et savoir si un nouveau mode de transport en commun a trouvé sa clientèle. » Précaution oratoire avant d’annoncer un mauvais chiffre ? Non, car le bilan est plutôt bon : « Nous enregistrons 6000 voyages par jour sur la ligne, soit 2500 de plus qu’avant le tram-train, à périmètre de transport égal », annonce Jean-Paul Omeyer avec satisfaction.
Avant de nuancer : « Il y a une diminution de 50 voyageurs/jour dans la vallée. Ce que l’on peut expliquer par diverses raisons : le démarrage du tram-train qui, reconnaissons-le, a été catastrophique, la rupture de charge à Thann et le stress de la correspondance. Nous avons en effet deux types de voyageurs : les « pendulaires », qui veulent juste aller en gare de Mulhouse pour prendre un autre train et ont peur de le rater en cas de retard du tram-train ou du TER, et ceux qui vont travailler dans divers quartiers de Mulhouse. Nous avons pu régler le problème de la correspondance à Mulhouse en élargissant l’espace de temps laissé aux voyageurs pour changer de train. Il faut encore le faire à Thann, mais bouger les horaires des rames n’est pas une chose simple. La correspondance fait partie de la problématique des transports en commun »
Et Jean-Paul Omeyer de relativiser ce « stress de la correspondance » : « Quand on est en voiture, on n’a pas non plus la garantie d’arriver à l’heure ! Verglas, accident, embouteillage, tout peut arriver ! »
« Le TER et le tram-train apportent deux services différents »
Autre chiffre significatif : 1150 voyages se font chaque jour vers les différents arrêts de Mulhouse, et 1100 vers la gare. Jean-Paul Omeyer y voit la preuve que « le tram-train et le TER apportent deux services différents » et ne sont donc pas en concurrence. « Le tram-train a su capter de nouveaux usagers, qui ne prenaient pas le TER auparavant, et répond à une autre demande, celle d’une desserte fine des autres points de Mulhouse. » Quant aux incidents, ils seraient désormais inférieurs à 3 % (mais l’intervention sur un tram-train en panne est plus longue que sur un TER).
« Les associations ont raison : les temps de parcours sont supérieurs à ce qu’on nous a vendu »
Est-ce à dire pour autant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ferroviaires ? Non, et Jean-Paul Omeyer en convient, il y a encore des choses à améliorer. « Nous y travaillons, avec l’ensemble des partenaires du comité de ligne, souligne-t-il. Depuis juin, nous avons significativement amélioré l’offre, avec la mise en place d’un nouveau TER le matin pour les voyageurs pendulaires, et le rajout d’un train à 17 h 34, pour répondre à une forte demande des familles des scolaires. Il nous reste à régler le problème d’un train du matin qui part à vide d’Husseren-Wesserling et qu’on ne peut prendre qu’à Willer-sur-Thur. Les gens qui le suivent sur la route en voiture ne comprennent pas pourquoi il roule vide. Mais c’est un problème d’encombrement de la ligne : si on laisse les gens monter à Husseren-Wesserling, ils devront attendre neuf minutes à Willer-sur-Thur. »
Autre souci, plus embêtant : « la durée des trajets. Les associations qui se plaignent ont raison ! Les temps de parcours sont supérieurs à ce qu’on nous a vendu à l’époque, 45 minutes entre Kruth et Mulhouse. Cela s’explique par le fait qu’entre-temps, la réglementation a changé, avec notamment l’obligation d’entrer et sortir de gare à 10 km/h. Et quand tous les maires de la vallée veulent un arrêt dans leur commune, c’est légitime, mais ça ne contribue pas à la rapidité ! Mais d’un autre côté, il faut voir que toutes les heures, on peut faire Kruth-Mulhouse en 59-62 minutes, ce qui n’est pas réalisable en voiture ! »
À améliorer également, l’affichage électronique, qui annonce encore de temps en temps l’arrivée d’un train pour Noisy-le-Sec ou Aulnay-sous-Bois (!)
« En cumulé, les trois gares de Thann ont doublé leur fréquentation »
Mais qu’en est-il de la gare de Thann centre, souvent considérée comme inutile, voire responsable de la fréquente fermeture des passages à niveau à Thann ? « Elle enregistre plus de 130 voyages quotidiens, contre 70 en moyenne dans la vallée, note Jean-Paul Omeyer. En cumulé, les trois gares de Thann ont doublé leur fréquentation. »
Jean-Paul Omeyer sait bien toutefois qu’il ne convaincra pas tout le monde : « Au comité, nous avons essayé de trouver un mode de fonctionnement intelligent. Je reçois les demandes de tout le monde. Il y a des choses qu’on peut faire, et d’autres non. Tous ne deviendront pas des fans du tram-train. Chacun voit midi à sa porte, et 6000 voyages quotidiens, c’est 3000 personnes à contenter ! Nous continuons à travailler pour faire en sorte que le service soit le plus performant possible. Mais il y a une vraie attractivité du tram-train. En témoigne le parking de la gare de Cernay, plein à 80 % ; D’ici deux ans, nous devrons lancer la deuxième tranche. »
Jean-Paul Omeyer en est convaincu : la flambée des prix du carburant offre au tram-train de belles perspectives d’avenir.
le 29/01/2012 à 05:00 par Isabelle Bollène
http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2012/01 ... s-par-jour
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