Politique
par didier rose, publié le 26/06/2012 à 05:00 | Mis à jour il y a environ 3 heures
STRASBOURG Un forum mondial de la démocratie à l’automne Vers un nouveau souffle européen ?
Le Palais de l’Europe a été réalisé par l’architecte Henry Bernard et fut inauguré en 1977. Photo – archives DNA
Strasbourg, quelque part « entre Davos et Porto Alegre ». Au plan du concept, bien sûr. Ni conclave de spécialistes, ni fabrique d’opinion, mais les deux à la fois, un forum mondial au Conseil de l’Europe vise à raviver l’image internationale de Strasbourg. Jusqu’à la faire capitale du débat démocratique ?
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Strasbourg comme lieu d’expression sur la démocratie, voilà qui n’est pas si nouveau (voir ci-dessous). À l’échelle voulue par le forum d’octobre prochain, c’est autre chose. Au moins 2 000 personnes attendues, hommes politiques, journalistes, blogueurs, universitaires ou activistes de 90 pays. Des rencontres d’experts, des débats publics, des animations culturelles… « C’est un défi formidable que de faire de Strasbourg, définitivement, la capitale de la démocratie », s’enthousiasme le secrétaire général du Conseil de l’Europe Thorbjorn Jagland.
Préparer des nouvelles voies d’un concept démocratique
Le terme de « définitivement » a son importance. Siège de nombreuses infrastructures et institutions, certes, Strasbourg a vu ces temps derniers son aura s’affadir. Les grands débats d’avenir ont été confisqués, au plan médiatique, par des forums comme Davos, ou Porto Alegre. L’un comme l’autre ont été cités par Roland Ries. Précisément parce que le sénateur-maire de Strasbourg entrevoit dans le croisement de ces deux modèles une place laissée à « un programme ambitieux, », même si « l’affaire n’est pas gagnée d’avance ».
Sur l’idée, l’union sacrée s’est faite parmi les collectivités locales. « Pour que l’Alsace devienne une référence dans la préparation des nouvelles voies d’un concept démocratique qui n’est pas le même d’un pays à l’autre, et pour que les pays qui y accèdent, comme en Afrique du Nord, puissent s’adosser à ces travaux ». Au point qu’il pourrait s’agir, à Strasbourg, d’une nouvelle date « fondatrice », n’a pas craint d’avancer Yves Le Tallec, vice-président du conseil général du Bas-Rhin.
Tout le monde met donc la main à la poche (voir ci-contre), dans le sillage du Conseil de l’Europe, pas mécontent de refaire là l’événement, même si des entités comme la Commission de Venise œuvrent matériellement à la diffusion de la pensée et des mécanismes démocratiques.
Le représentant de la France au Conseil de l’Europe, Laurent Dominati, pense qu’il était du « rôle du pays hôte d’être moteur » dans la démarche. C’est dire si, à moins de six mois de ce qui est présenté comme un « événement », les ambitions s’expriment, de même que les noms prestigieux circulent : sont espérés François Hollande mais aussi Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies ou Moncef Marzouki, président de la République tunisienne (qui a fait ses études de médecine à Strasbourg). Il s’agit de « faire appel aux plus grands de ce monde non seulement en responsabilités, mais aussi en expertise », assure Philippe Richert. Tandis que le profane aura sa place dans une sorte de « festival off ».
« Il faut un contact avec le public, une réalité », estime le conseiller général Yves Le Tallec. Mais aussi, puisque tel est l’objectif affiché tant par le Conseil de l’Europe que par les défenseurs de « Strasbourg l’européenne », parvenir à un tout autre niveau à faire inscrire chaque année l’étape alsacienne dans l’agenda des personnalités de ce monde. Le rendez-vous du mois d’octobre est, à ce titre, un galop d’essai.
www.forum-democracy.coe.int
Politique
par Par Klaus Schumann *, publié le 26/06/2012 à 05:00
Point de vue La persévérance du Conseil de l’Europe De la Conférence de Strasbourg au Forum mondial de la démocratie
Klaus Schumann. Photo - archives DNA
Le premier Forum mondial de la démocratie se tiendra du 5 au 11 octobre 2012 à Strasbourg en présence du Secrétaire général des Nations unies, de nombreux chefs d’État, de hautes personnalités politiques, prix Nobel, universitaires venant de tous les continents, et de quelque deux mille participants de 90 pays.
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« Cet événement exceptionnel pour notre ville est pour le Conseil de l’Europe l’aboutissement d’un engagement sans faille pour faire des valeurs et principes de la démocratie le garant de relations pacifiques entre les peuples et du respect de la dignité humaine.
C’est le Conseil de l’Europe qui, dès 1949, a établi les fondements de la démocratie européenne. La démocratie pluraliste, le respect des droits de l’homme, et surtout la prééminence du droit sont devenus obligatoires et furent le dénominateur commun pour toutes les autres initiatives européennes qui ont suivi. C’est son Assemblée parlementaire qui, depuis les années 50, a cherché le dialogue avec d’autres démocraties du monde, en ouvrant son hémicycle à des débats réguliers (...).
En juillet 1982, l’Assemblée décide de tenir une ‘conférence de Strasbourg’ sur un nombre restreint de thèmes politiques d’actualité. Avec le soutien des dirigeants politiques, dont François Mitterrand, Helmut Kohl, Margaret Thatcher, voire même Ronald Reagan, la première Conférence de Strasbourg sur la Démocratie Parlementaire a eu lieu du 4 au 6 octobre 1983 et réuni des délégations d’une trentaine d’États européens et non européens démocratiques.
La deuxième Conférence de Strasbourg qui s’est tenue du 28 au 30 septembre 1987 a connu une participation plus large, d’une quarantaine de pays, y compris d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et de l’Amérique latine. Elle a été le plus large forum de parlementaires démocratiquement élus. Devant le constat de s’être trop préoccupés des « démocraties occidentales », ils ont souhaité que la prochaine conférence soit consacrée aux problèmes rencontrés par les démocraties émergentes.
Mais cette troisième Conférence de Strasbourg, prévue pour 1991, n’a pas eu lieu. En effet, la chute du Mur de Berlin a mis temporairement fin à cette initiative. Il appartenait au Conseil de l’Europe de contribuer en priorité à la transition démocratique de cette partie du continent, exclue du projet européen pendant les 40 années précédentes. Le Conseil de l’Europe et Strasbourg sont devenus pour ces pays l’étape incontournable dans leur recherche et volonté de rejoindre la famille des démocraties européennes.
Parmi les multiples programmes en faveur du développement d’un pluralisme démocratique figurait la formation d’une nouvelle génération de responsables politiques, économiques, sociaux et culturels. Dès lors un réseau d’écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe a été créé dans une quinzaine de pays de l’Europe du Sud-Est et orientale. L’intégration européenne, la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit figurent au programme annuel qui se termine par un séminaire à Strasbourg, consacré à l’étude des institutions européennes, le fonctionnement de la démocratie locale et la pratique de la coopération transfrontalière.
Des Universités d’été de la démocratie
Pour développer les liens entre les participants des différentes écoles, les séminaires de clôture de toutes les écoles ont été regroupés, à partir de 2006, dans le cadre d’un événement unique. Ceci fut la première Université d’été de la démocratie qui, depuis, réunit chaque année 600 jeunes futurs dirigeants et décideurs. (...)
Présent, en octobre 2010, lors du 60 ème anniversaire de la Convention européenne des droits de l’homme, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a rendu hommage à la capitale européenne de la démocratie et des droits de l’homme. Il a rappelé que le Conseil de l’Europe est un partenaire clef des Nations unies dans ce domaine et il a montré un intérêt particulier pour le projet de vouloir faire évoluer l’Université d’été vers un Forum mondial de la démocratie. La 6 ème Université d’été en 2011 a été marquée par les événements dans le monde arabe et l’espoir démocratique. Les participants se sont félicités de savoir que, dès 2012, l’université d’été constituera le cœur d’un événement annoncé : le « Forum mondial de la démocratie à Strasbourg ».
Le 14 juin dernier, le ministre délégué des Affaires européennes, en visite à Strasbourg, a confirmé l’aide financière du nouveau gouvernement français. Avec le concours de la ville, de la région et du département, le Conseil de l’Europe est en train de réaliser un défi lancé il y a une trentaine d’années : créer et devenir le forum de la démocratie mondiale. La pérennité de la « Conférence de Strasbourg sur la démocratie parlementaire » est assurée et elle tient compte des réalités du nouveau monde multipolaire.
Avec la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg, notre ville héberge déjà une institution phare pour 800 millions de citoyens européens qui est également le modèle d’une défense collective des droits de l’homme pour d’autres régions du monde. En devenant capitale mondiale de la démocratie, Strasbourg donnera la réponse adéquate face au danger d’un nouvel esprit de « renationalisation » et l’espoir de plus de compréhension et respect mutuels entre les citoyens du monde. »
* Ancien directeur général des Affaires politiques du Conseil de l’Europe
Tout ça est de bonne augure pour l'image internationale de notre ville, il était temps qu'un très grand évènement arrive!
C'est même bien plus important que l'Otan en 2009...