La verrière fait la une aujourd'hui...
STRASBOURG Grande verrière de la gare Poussière et questions à tous les niveaux
L’espace, pourtant aéré en hauteur, est constamment dans une ambiance de poussières. Photo DNA – Marc Rollmann
Après de gros problèmes d’infiltrations d’eau (quasi réglés aujourd’hui), la grande verrière de la gare de Strasbourg, espace multimodal créé pour l’arrivée du TGV en 2007, pose encore des soucis de qualité de l’air.
Un premier problème de poussières de sable, remontées depuis la station souterraine de tramway, a été identifié et se trouve maîtrisé aujourd’hui par tout un dispositif d’arrosage dans la station et le tunnel gérés par la Compagnie des Transports Strasbourgeois. Mais la SNCF, qui gère le rez-de-chaussée, est aussi confrontée aux plaintes de salariés des commerces qui se déclarent gênés par une sorte de suie. La même qui se dépose à la vitesse… grand V sur les étagères et produits desdits commerces.
Plusieurs campagnes de mesure de la qualité de l’air ont montré que le problème se situerait en deçà des normes légales et ne devrait pas, en conséquence, nuire à la santé des salariés, ni à celle des 60 000 voyageurs qui traversent l’espace chaque jour.
Néanmoins, la Communauté urbaine de Strasbourg, la CTS et la SNCF ont décidé de lancer une étude commune. Objectifs, encore cette année : repérer la manière dont se font les échanges de masses d’air entre les différents niveaux, diagnostiquer l’éventuel défaut de conception de l’aération naturelle prévue par l’architecte. Dans un second temps, procéder aux modifications nécessaires.
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STRASBOURG Verrière de la Gare SNCF Un dossier encrassé
Depuis son inauguration, en juin 2007, la grande verrière de la gare a connu des infiltrations d’eau après orages. Ce vilain défaut à peu près corrigé, on s’est penché sur des poussières remontées de la station de tram dans les mêmes niveaux souterrains. Et voilà qu’une sorte de suie insidieuse vient pourrir jusqu’au niveau zéro…
Qu’on ne cherche pas, ici, matière à dézinguer ce bel objet : la grande verrière qui apporte un effet miroir de jour, un effet vitrine de nuit à une gare par ailleurs assez massivement impériale, a gagné son inscription au patrimoine architectural de la ville. L’ennui, c’est que cinq ans après son inauguration, cet espace multimodal et ses déclinaisons en quatre niveaux de sous-sols assaillent toujours passablement les narines et les poumons un peu sensibles. Chez le voyageur, bien sûr, mais surtout chez les salariés des commerces et services installés là, qui inhalent un air vicié huit heures par jour.
« Mes collègues et moi-même avons tous constaté qu’il y a constamment un excès de poussière sous la grande verrière et nous en sommes grandement incommodés », a écrit Amador Ros fin novembre dernier à la SNCF avec copie à la CTS, à la mairie et à la médecine du travail. Le salarié du Relay Payot est à l’origine d’une pétition qui a recueilli 70 signatures de collègues des divers commerces, à tous les étages du site.
C’est une poussière noire de type suie, qui vient se poser sur nos étagères
« Je travaille ici depuis quatre ans et je souffre de problèmes respiratoires, qui m’apparaissent clairement liés à la pollution ambiante par des poussières », précise Amador Ros. « J’ai des personnes asthmatiques dans mes équipes, qui ne se sentent pas bien ici », renchérit Anthony Rousseau, directeur d’exploitation pour les trois commerces du groupe Elior en rez-de-chaussée de la gare de Strasbourg.
Dans un des relais-presse, une personne qui souhaite rester anonyme témoigne encore : « C’est une poussière noire de type suie, qui vient se poser sur nos étagères et abîmer les livres et revues aux couvertures claires ». « On doit nettoyer sans cesse pour ne pas se faire envahir par la grisaille et, à chaque trimestre, quand la société en charge du nettoyage de nos climatiseurs passe, elle nous facture un deuxième passage pour « encrassage hors normes »…
Comme dans son courrier de réponse à M. Ros, Jean-Philippe Lally, directeur général de la CTS, nous invite à un petit historique. « Tout au début, on parlait de poussières de silice, notamment, dont la teneur dans l’air ambiant était trop élevée ». « Notre système de freinage des rames par sablage, dans le tunnel du tramway, a été mis en cause : nous avons pris les mesures nécessaires pour plaquer cette pollution au sol et l’évacuer autrement que par les voies aériennes ».
Un dispositif de brumisation dudit sable a été installé en entrée de station et à certains points clefs du tunnel. « On arrose aussi, de manière régulière, le sol de la station gare ». Enfin, tunnel et quais ont droit à un planning de nettoyage intensifié.
La CTS a instauré, de surcroît, des campagnes de mesures tous les six mois, dans les niveaux dont elle a la gestion (moins 4, moins 2 et moins 1). « En janvier 2012, ces mesures étaient totalement satisfaisantes », affirme Jean-Philippe Lally.
En fait, on ne constate plus de dépassement des normes, mais un nouveau polluant majoritairement présent a fait… surface. Au niveau – 1, en particulier, on a surtout du carbone, que la CTS pense pouvoir raisonnablement attribuer au… parking véhicules légers voisin.
« Cette poussière ambiante dans la verrière, on l’a tous constatée depuis le début, mais aucune mesure au niveau zéro, géré par la SNCF, n’a jamais dépassé la norme », annonce la directrice de la communication régionale pour la société, Anne Corbé. « Le système d’aération prévu au départ par les architectes est celui des vantelles en hauteur, qu’on peut ouvrir ou fermer pour gérer le renouvellement d’air ». Un système qui devait suffire, en principe et en l’état.
Échanges d’air complexes
À ce jour, un simple coup d’œil montre une verrière avec « effet de brouillard » manifeste, et un encrassement des dalles au sol qui nécessite de nombreux passages de la part de la société de nettoyage. Mais avec une fréquentation estimée de 60 000 voyageurs par jour, n’est-il pas normal que le sol soit un peu terni ?
Malgré les mesures compatibles avec la santé des salariés, les contacts de certains d’entre eux avec la Médecine et l’Inspection du travail, ainsi que les appels au secours aux gestionnaires de ces espaces, semblent avoir porté leurs fruits. « La communauté urbaine, la CTS et la SNCF vont cofinancer une étude pour repérer comment se font les échanges d’air complexes entre les différents niveaux ». « Comme nous sommes, à l’évidence, en face d’un problème de conception de la verrière, l’étude doit formuler également des mesures d’amélioration de la situation, en estimer l’efficacité attendue et le coût probable », poursuit Jean-Philippe Lally.
« Le cahier des charges établi entre tous les partenaires est aujourd’hui bouclé et l’appel d’offres pour la prestation doit être lancé prochainement », confirme Anne Corbé. « En principe, l’étude devrait pouvoir démarrer encore cette année ».
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Un train de… Mesures
Devenue semi-translucide, la verrière présente un effet de brouillard peu engageant. Photo DNA - Marc Rollmann
La première campagne de mesure de la qualité de l’air sous la verrière a été réalisée par l’Aspa du 10 au 28 avril 2008. Dans ses « principales conclusions », ce rapport disponible sur le site de l’Aspa évoque « une problématique liée aux niveaux de concentration en particules » ainsi que « des niveaux de concentration élevés pour certains métaux ».
Toues les mesures qui ont suivi ont été effectuées pour la SNCF au niveau zéro et pour la CTS, de manière séparée, aux niveaux inférieurs de la verrière. La CTS admet qu’au démarrage, les concentrations, de fer et de silice notamment, sur son secteur, allaient au-delà des valeurs limite d’exposition permanente (soit la pollution maximale tolérée pour un employé sur une période consécutive de 8 heures). Mais, dans son courrier à M. Ros, la société de transports évoque un retour à des normes légales en septembre 2009, après mise en place du système de brumisation des sables.
La SNCF n’a pas communiqué sur ces propres campagnes de mesure, sauf globalement, pour les déclarer conformes.
Si les salariés des commerces ont finalement obtenu une nouvelle étude, pour d’autres, c’est le principe de précaution qui s’est appliqué assez rapidement. Dès 2008, la direction de la gare SNCF, interpellée par le CHSCT (comité hygiène, sécurité et conditions de travail) accordait qu’aucun agent SNCF ne serait amené à travailler sous la verrière de manière continue ou ponctuelle. Après un bras de fer entre syndicats et CTS, le guichet de vente de billets du niveau – 1 avait été purement et simplement fermé. On se souviendra que le double problème des infiltrations et des poussières était alors évoqué.
Enfin, tous nos interlocuteurs relèvent que le personnel de nettoyage, au moins au niveau – 1, est porteur de masques de protection.
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