L'Alsace du 17/12
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Le début de la ligne 604 est presque anecdotique, aux confins de Neuweg : l’arrêt Coste, le premier, n’a pas d’aubette. Pour en trouver une, il faut aller à l’arrêt suivant, Rousserolles. À peine quelques dizaines de mètres plus loin. Là, à l’abri de la pluie, Béatrice attend – seule. Elle n’est pas une habituée, est en visite et va se rendre à Bâle, où elle a rendez-vous avec des amies, « pour le marché de Noël. »
Bientôt le dimanche ?
Plus loin, voilà Muguet, Beaulieu, les Maréchaux et quelques autres. La piste cyclable qui va vers le centre de Saint-Louis passe par là. Fréquentée, elle aussi, comme le 604, surtout aux heures de pointe. L’arrêt suivant, c’est la Petite Camargue. « C’est la raison pour laquelle nous aimerions ouvrir la ligne le dimanche », explique Claude Mislin de Métro-Cars. Pour beaucoup de Bâlois, en effet, le 604, c’est le symbole de la Petite Camargue. Et Claude Mislin est sûr que la ligne aurait du succès le dimanche – pour les promeneurs qui voudraient profiter de la réserve naturelle.
Les retards
Et voici déjà le centre-ville. La gare, par exemple. Là, c’est la cohue, notamment quand un train type Strasbourg-Bâle vient de déposer sa cargaison de voyageurs. Du coup, les bus peuvent prendre un peu de retard – « ça arrive souvent », regrette Naïma, de Mulhouse, qui vient pour le travail. Un retard dont le chauffeur a conscience… « Mais que voulez-vous faire quand plusieurs voitures se garent sur l’arrêt ? Je ne peux prendre le risque d’ouvrir la porte avant ! » Un peu de civisme, donc, ne nuirait pas.
Ces retards n’énervent pas Sébastien, de Bourgfelden. « Dommage que cela puisse rendre nerveux les chauffeurs et les passagers », note-t-il. Il prend le 604 pour le travail. « Mais cela m’arrive aussi en famille, pour aller à Bâle ! »
Et voici la frontière. Pas de douaniers ni de gardes-frontières en vue. Juste avant, voici Elisabeth. « J’ai un peu honte, je suis allemande, j’habite en France, c’est plus facile fiscalement, mais je travaille en Allemagne. » Pas de problème, la langue de Goethe n’est pas étrangère en Alsace. Elisabeth « prend le bus quatre fois par semaine, pour aller travailler, juste à côté de l’arrêt Schifflände. » Pratique ! Et les retards ? « On s’habitue ! »
Plus tard le soir
Bouzid, lui, monte à l’arrêt Crédit Mutuel. « Je travaille dans la restauration à Bâle. Jusqu’à Schifflände, et puis encore quatre stations de tram. À l’aller, ça va… Mais le soir, il n’y a plus de bus. » Alors il prend le tram 11 jusqu’à la frontière. Et puis, l’été, « c’est plutôt le scooter », sourit-il, content d’apprendre qu’il y aura peut-être bientôt des bus plus tard.
Il y a un peu moins de monde aux différents arrêts côté suisse. Peut-être les Bâlois préfèrent-ils leur tram ? En tout cas, Schifflände arrive bien vite. Pour le chemin du retour vers Saint-Louis, Maria Luisa monte à bord. À 67 ans, elle habite depuis 3 ans à Saint-Louis (avant, c’était 40 ans à Bâle). Et prend le bus tous les jours pour aller voir son fils resté à Bâle.
Bus polyglotte
Espagnole, elle parle aussi italien. Cela tombe bien, à ses côtés, voici Carlos, 65 ans. Lui est polyglotte et se charge spontanément de la traduction. Lui aussi habite le côté français de la frontière et va voir de la parenté. « Et puis, comme j’ai 65 ans, c’est demi-tarif. Très avantageux comme tarif, surtout par rapport à la Suisse ou à l’Allemagne ! » Retour au centre-ville. Là, Paul, un Alsacien, monte à bord. « Je suis avant tout un marcheur. Mais quand il fait mauvais temps, il m’arrive aussi de prendre le bus. » Voici notre arrêt : Croisée des Lys. Au carrefour central. Le bus, lui, poursuit sa route vers Neuweg. Et emporte quelques passagers supplémentaires.
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1900 : premier tram bâlois qui s’arrêtait au carrefour Wiru.
1911 : prolongation de la ligne jusqu’à l’église Saint-Louis.
1957 : fin du tram, « une décision malheureuse » pour Jean-Marie Zoellé, les rails sont arrachés.
1963 : brève existence des bus des TUSL, Transports urbains de Saint-Louis. Puis la famille Mislin et leur société Métro-Cars prennent les rênes.
1986 : inauguration de la ligne 604, la première à retourner avec des bus français jusqu’au cœur de la vieille ville de Bâle.
1994 : intégration de la ligne 604 dans le réseau Distribus, géré d’abord par le District, puis par la Communauté de communes des Trois Frontières.
2006 : suppression de tous les terminus intermédiaires (Cité du Rail, Frontière) : tous les bus de la 604 font Neuweg-Schifflände.
2009 : cadencement tous les quarts d’heure de 5 h 30 à 20 h 30.
2012 : peut-être, c’est à venir, des bus plus tard en soirée ou le dimanche. Décisions à venir. Rendez-vous l’année prochaine !
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Les Alsaciens Roland Igersheim, Jean-Marie Zoellé et Jean Ueberschlag ont accueilli Hans Peter Wessels le Bâlois. Tous ont regardé avec intérêt les différentes photos de la mini-exposition qui retrace l’aventure de la ligne 604.
Hier matin, une petite cérémonie était organisée à l’hôtel de ville de Saint-Louis. Objectif : marquer les 25 ans de la ligne 604 qui relie Neuweug à la station de Schifflände, à Bâle.
« Nicht nur nebeneinander leben sondern miteinander », ne pas seulement vivre côte à côte, mais ensemble, a rappelé Roland Igersheim. Le président de la communauté de communes a rappelé ce slogan hier matin, à la mairie de Saint-Louis, où était organisée une petite cérémonie pour les 25 ans de la ligne 604 qui relie Neuweg à Bâle (Schifflände). Un symbole concret de la vie ensemble, au quotidien, dans l’Eurodistrict trinational de Bâle.
Une réussite, aussi, comme l’a souligné Jean-Marie Zoellé, maire de Saint-Louis mais aussi président de la commission transports de la CC3F. La ligne 604 a transporté 390 000 passagers en 1995. Ils ont été 765 000 l’an passé, soit presque deux fois plus ; et la ligne 604 transporte aujourd’hui encore, alors que le seuil des deux millions de passagers devrait être franchi en 2011, près de 50 % du trafic du réseau Distribus.
Pas de quoi se reposer sur ses lauriers, indique Roland Igersheim, qui a évoqué les « options » proposées par Métro-Car/Kunegel, à nouveau délégataire de service public jusqu’en 2018, des options qui seront mises en place au fur et à mesure, notamment le prolongement des lignes le soir et l’ouverture de la ligne le dimanche. « Cela passera par des accords entre nous », a-t-il expliqué en s’adressant à Hans-Peter Wessels, conseiller d’État de Bâle.
Le bus, oui, mais bientôt le tram
Il a encore évoqué le prolongement de la ligne 3 du tram, là encore un dossier commun avec Bâle. « Nous avons les financements des États français et suisse, j’espère encore avant la fin de l’année une réunion avec la Région et le Département », a-t-il confié, espérant une action conjointe « du Père Noël côté alsacien et du Christkindel côté bâlois ». Avec des études menées en 2012-2013 (pour lesquelles des financements européens devraient être confirmés cette année encore), une réalisation vers 2014-2016, « on peut raisonnablement espérer une entrée en service pour 2017. »
Hans-Peter Wessels, lui, a donné le point de vue bâlois ; il a salué une « petite initiative devenue grande », avec la ligne 604. Il a affirmé combien il était important que « les Bâlois ne se referment pas sur eux-mêmes. » Et de louer « l’arc-en-ciel dans les rues de Bâle » : en plus des bus verts des BVB, il y en a des jaunes (Bâle-Campagne), des bleus (les Distribus alsaciens) et même des rouges venus d’Allemagne. « Un beau symbole, en même temps très concret, du vivre-ensemble dans l’Eurodistrict », a-t-il souligné. Quant aux trams, ils représentent l’étape suivante : le prolongement de la ligne 8 côté allemand vers Weil sera la première étape concrète. Le 3 vers Bourgfelden et la gare, la suivante.