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Bockel et Rottner défendent un « oui exigeant »
Le maire Jean Rottner et le président de la M2A Jean-Marie Bockel défendent la place de Mulhouse dans le futur dispositif.
Le maire de Mulhouse, pas plus que le sénateur et président de la M2A ne mégotent leur soutien au projet de conseil d’Alsace, ni à Philippe Richert. Ils l’accueilleront demain soir à la Fonderie, avec les présidents Charles Butt-ner et Guy-Dominique Kennel, pour une réunion de campagne du oui. Pas question, pour eux, d’entrer dans une négociation ou de revendiquer le siège. Ils n’en attendent pas moins que le sud de l’Alsace soit « respecté ».
« Cœur économique »
Si Jean Rottner (UMP) et Jean-Marie Bockel (UDI) disent oui au conseil d’Alsace, « c’est un oui exigeant ». « Mulhouse se veut un acteur positif de la construction du conseil d’Alsace. Nous sommes déjà engagés avec Strasbourg, à travers le pôle métropolitain. À partir d’avril, nous travaillerons avec la Région Alsace unifiée » , explique le maire, Jean Rottner, pour qui « l’ambition de Mulhouse est d’être le cœur battant économique de l’Alsace ».
Les deux élus sont persuadés que « Mulhouse a tout à gagner » d’une réforme institutionnelle qui lui permettra d’avoir un interlocuteur unique et de trouver sa place au côté de Strasbourg et de Colmar, comme « porte d’entrée du sud de l’Alsace, avec le renforcement de l’EuroAirport et du TGV ». « Nous avons de nombreux atouts : une main-d’œuvre jeune et dynamique, un savoir-faire in dustriel, une a gglomération qui se structure, en résonance avec Belfort, Fribourg et Strasbourg » , assure Jean Rottner qui croit dans « l’optimisation des partenariats ». Il tacle son opposant socialiste, Pierer Freyburger, « dénonçant une stratégie du non purement politicienne, en vue des municipales ». « En insistant sur Mulhouse la déshéritée et la miséreuse, il se trompe de cible. Nos concitoyens ne se retrouvent pas dans cette condamnation de leur ville » , affirme-t-il.
Pour Jean-Marie Bockel, à moins d’un mois du vote, « il faut donner un coup d’accélérateur à la campagne pour convaincre ceux qui seraient tentés de s’abstenir ». « Le sondage (*) montre un certain décrochage du Haut-Rhin par rapport au Bas-Rhin. Il y a ce sentiment d’être plus loin des lieux de décision et certains jouent à l’amplifier » , observe le président de la M2A, qui dit « faire confiance à Philippe Richert ». Tout en rappelant « son attachement à la dimension française de la région » , Jean-Marie Bockel pense aussi que « l’Alsace a rendez-vous avec l’histoire ». Mais surtout que « notre région peut servir de modèle, dans la poursuite de la décentralisation, pour les autres régions françaises ».
(*) Sondage CSA pour L’Alsace , les DNA et France Bleu Alsace ( L’Alsace de jeudi).
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Unser Land, porte-drapeau du « oui » à Colmar
Une dizaine d’autonomistes du parti Unser Land ont manifesté leur soutien au projet de fusion des collectivités hier matin, au pied de la statue de la Liberté à Colmar.
Drapeaux « rot un wiss » , mais aussi européens, pancartes « Oui au conseil d’Alsace » … Objectif du rassemblement : inciter les Alsaciens à aller voter le 7 avril : « Le plus grand ennemi du oui, c’est l’abstention » , rappelle Andrée Munchenbach, ancienne conseillère générale du Bas-Rhin et présidente du mouvement.
Pour les militants d’Unser Land, le conseil d’Alsace, c’est « un premier pas vers plus d’autonomie pour notre région » , avec l’espoir d’obtenir « des transferts de compétences dans des domaines primordiaux comme l’enseignement des langues ». Il s’agit aussi de « donner un cadre pérenne au droit local, attaqué de toutes parts ».
Unser Land prévoit d’autres actions de ce type pour promouvoir le « oui » au référendum. La prochaine devrait avoir lieu bientôt à Mulhouse… place de la Réunion, évidemment.
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Henri Goetschy : « N’ayez pas peur ! »
Ancien président du conseil général du Haut-Rhin (1973-1988), et ancien sénateur (1977-1995), le centriste Henri Goetschy demeure, du haut de ses 86 ans, un observateur attentif de la vie politique.
Volontiers lyrique à propos du projet de conseil d’Alsace, Henri Goetschy défend ardemment le oui au référendum du 7 avril.
Pourquoi voterez-vous oui le 7 avril prochain ?
Ma réponse est très simple : le conseil d’Alsace, c’est exactement ce que j’avais proposé dans les colonnes de votre journal, voilà trente ans. Aujourd’hui je persiste et je signe ! Cette réforme est de plus en plus nécessaire. La France a un grave problème : celui de l’omnipotence et de l’« omnifinance » de Paris et de son microcos-me. Notre pays est en retard de trois guerres en matière de décentralisation. Plus d’ailleurs qu’en 1981, je rends hommage au président de la République François Mitterrand. Pourtant, quand il a proposé, avec son ministre de l’Intérieur Gaston Defferre, les premières lois de décentralisation, je me suis demandé si c’était une machination… Trente ans plus tard, je leur dis : « Chapeau ! ». Les socialistes d’aujourd’hui sont en retard sur eux.
Que diriez-vous aux électeurs tentés par le non ou par l’abstention ?
Je leur dirais que je les comprends, mais qu’ils n’ont pas connu de l’intérieur, comme moi, toutes ces rivalités sournoises, ces petites haines et ces querelles de clocher entre départements, entre arrondissements, entre cantons alsa-ciens… Avec le conseil d’Alsace c’est justement cela qui va mourir. C’est la première fois que nous avons cette chance. Nous n’en aurons pas de deuxième. Je leur dis aussi : « N’ayez pas peur, ayez confiance ! »
La démocratie, ça n’est pas la méfiance de celui-ci envers celui-là, ni la crainte de ne plus être le premier servi ou de perdre ses avantages. Qu’importe, par exemple, de savoir où l’on siégera, puisque ce sera toujours en Alsace ! Moi, je ne me méfie pas de mes frères, ni du Nord, ni du Sud. Je pense que nous ferons de très belles choses ensemble. Regardez les trois présidents actuels et les trois assemblées : ce sont tous des mecs biens. Est-ce qu’il n’est pas dommage qu’ils ne soient pas tous ensemble ? Le conseil d’Alsace représente aussi une manière de parachever la construc-tion européenne. Une Région Alsace réunie, avec la capitale de l’Europe en son sein : quelle plus belle image de la réconciliation franco-allemande ?
Vous êtes confiant quant au résultat du référendum ?
Oui. Je connais bien les Alsaciens, ils ont un cœur énorme, mais une peur terrible de ne pas être entendus. Dans mon ancien métier [NDLR : vétérinaire], on est obligé de faire son diagnostic sans pouvoir poser de questions à son patient. Il faut donc avoir les yeux bien ouverts… Hé bien moi, je vois l’ensemble, de Ferrette à Sarre-Union, et je suis sûr du peuple alsacien. Il demande juste qu’on lui témoigne de la considération. Il n’en a plus eu depuis 1870 ! Qu’on compte donc sur lui, sur sa volonté de justice, d’équité et de fraternité. Foutons en l’air nos égoïsmes et nos querelles d’accent et montrons au monde entier que nous sommes une région pionnière !
le 10/03/2013 à 05:00 par Propos recueillis par Emmanuel Delahaye
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Daniel Hoeffel : « Le référendum renforcera ce qui nous unit »
Ancien président du conseil général du Bas-Rhin (1979 à 1995), Daniel Hoeffel, 83 ans, a été sénateur de 1977 à 2004 et deux fois ministre. Il fut notamment en charge de l’Aménagement et des Collectivités locales de 1993 à 1995.
Qu’allez-vous voter au référendum ?
Je voterai bien entendu oui. Je ne me déjugerai pas par rapport à la position que j’ai prise en 1993, à une époque où l’expérimentation telle qu’elle va être pratiquée n’était pas encore légalement prévue.
Quels sont, à votre avis, les points forts du projet ?
À l’appui de mon oui, j’invoquerai trois arguments. Et d’abord le fait que le référendum peut avoir valeur d’entraînement sur le plan national pour clarifier le débat entre région et département. Y a-t-il un échelon de trop ? Mieux vaut choisir un terrain comme l’Alsace qui n’a que deux départements pour dégager une orientation qui, je l’espère, entraînera une réforme sur l’ensemble du territoire français.
Le deuxième argument est celui de la lisibilité par rapport à nos voisins allemands et suisses. La coopération transfrontalière est bien engagée, mais elle est encore insuffisante. Tout ce qui peut contribuer à réduire e nombre de nos interlocuteurs sera un élément d’efficacité et ira dans le sens de ce renforcement.
Le troisième argument est d’ordre interne. Quelles que soient les différences de tempérament – et j’en ai vécues –, quelles que soient les manières de parler alsacien, ce qui nous unit entre l’Outre-forêt et l’Alsace Bossue dans le nord et le Sundgau dans le sud, est infiniment plus fort que le reste. Si ce référendum est positif, il contribuera à renforcer ce qui nous unit.
Quels arguments peuvent inciter les Alsaciens à voter oui ?
Le référendum n’est pas une fin en soi. La première phase doit déboucher sur des projets et des actions que les Alsaciens seront impatients de voir se concrétiser. Plus les promoteurs du conseil unique seront clairs, mieux le projet sera compris. Dans la période de crise économique, financière, sociale et de l’emploi que nous connaissons, la crédibilité du oui dépendra aussi du sentiment clair qu’auront les Alsaciens que le conseil unique sera source d’économies de fonctionnement et de réduction des dépenses. J’ai conscience que cela pose le problème de l’avenir et de la localisation des milliers d’agents des trois collectivités actuelles. Un effort d’information reste à accomplir, si possible avant la date du référendum.
Enfin, concernant la localisation du conseil unique, il ne faut pas donner le sentiment que simplification de structures et présence territoriale sont contradictoi-res. Là aussi il convient de dissiper rapidement certaines inconnues. Ces trois considérations ne constituent en aucun cas un préalable au oui. Mais tout ce qui va dans le sens de la clarification contribuera à rendre une réponse positive sans équivoque pour le projet qu’il s’agira rapidement de bâtir.
le 10/03/2013 à 05:00 par Propos recueillis par Yolande Baldeweck
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Constant Goerg : « Il suffit d’une clarification des compétences »
Constant Goerg ira voter le 7 avril, mais pour le non. Pour l’ancien président du conseil général du Haut-Rhin, la fusion des collectivités alsaciennes ne se justifie pas.
À 79 ans, Constant Goerg suit la démarche actuellement engagée par les trois collectivités avec beaucoup d’ironie et un peu d’amertume : « Quand on dit qu’on fera tout mieux grâce à la fusion, on a l’impression que le travail n’était pas bien fait avant. » L’ancien président du conseil général du Haut-Rhin, de 1998 à 2004, juge la démarche « précipitée » et surtout superflue.
Constant Goerg, comment allez-vous voter le 7 avril ?
Je serais presque tenté de m’abstenir, parce qu’on essaie de passer en force dans cette affaire, par exemple en essayant de descendre la barre de 25 % des inscrits que le « oui » doit recueillir dans chaque département. J’irai voter, mais je voterai « non ».
Pourquoi choisir le « non » ?
Je considère que les Départements et la Région font bien leur travail et ne le feront pas mieux en fusionnant. Que ce soit dans le domaine du social, qui est la première dépense de notre département avec 43 % du budget, des routes ou des collèges, je doute que cette nouvelle collectivité arrive à gérer mieux que le conseil général et à moindre frais. On nous parle aussi de transferts de compétences alors que les précédents n’ont pas été financés par l’État. Il ne faut pas nous dire que nous allons payer moins cher. La fusion des trois structures n’apportera pas ce qu’on nous promet : une Alsace plus forte et des impôts en moins.
Vous trouvez aussi la démarche précipitée…
On attend le contenu de l’acte 3 de la décentralisation que Marylise Lebranchu devrait dévoiler au printemps. Par ailleurs, Strasbourg va devenir une eurométropole, avec des compétences nouvelles qui empiéteront obligatoirement sur le conseil d’Alsace. Ce qu’il faudrait à l’Alsace, c’est une clarification des compétences. C’est ce que j’avais proposé au président Zeller au début des années 2000. Ce qui est nocif, ce sont les interférences entre les Départements et la Région, les fameux doublons. Le Département pourrait se recentrer sur ses compétences obligatoires et la Région serait le chef de file pour les compétences facultatives, comme l’économie ou le tourisme.
Aucune ligne du projet ne trouve grâce à vos yeux ?
C’est surtout le projet de trois présidents qui veulent se faire mousser, mais le projet est opaque. On met par exemple en exergue la proximité, mais les grandes décisions seront prises à Strasbourg. Idem pour le siège du conseil exécutif à Colmar. Comme pour le Parlement européen, tôt ou tard, on voudra regrouper le siège à Strasbourg. Et comme les élus bas-rhinois sont les plus nombreux…
le 10/03/2013 à 05:00 par Propos recueillis par Clément Tonnot
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André Bord : « L’Alsace a rendez-vous avec son histoire »
Pour André Bord, 90 ans, qui a présidé le conseil général du Bas-Rhin de 1967 à 1979 et le conseil régional de 1974 à 1976, le référendum sur le conseil unique représente un tournant dans l’histoire de l’Alsace.
« Depuis les lendemains de la guerre, je me bats pour cette idée fondamentale. Il faut comprendre que ce conseil unique d’Alsace ne comporte aucun danger, mais qu’il permettra de réaliser les grandes réformes indispensables pour la vallée rhénane dans le domaine de la politique économique et sociale. Cette nouvelle administration que je défends pourra ouvrir la voie vers une coopération transfrontalière beaucoup plus efficace. Il s’agit d’une occasion historique qu’il convient de saisir ! » , affirme l’ancien ministre André Bord, président de la Fondation Entente franco-allemande.
« Il reste des efforts à faire »
L’ancien ministre gaulliste regrette que les Alsaciens ne soient pas suffisamment informés. « Il reste des efforts à faire de la part de ceux qui ont la charge d’organiser ce référendum pour que les électeurs soient mieux éclairés sur les enjeux afin de pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause » , souligne-t-il. Pour le 7 avril, il soutient le oui. « Il est important que les gens aillent voter et qu’ils fassent voter les autres. L’Alsace a un rendez-vous avec son histoire qu’il ne faut en aucun cas rater » , prévient l’ancien ministre.