Je n'ai pas trop réagi depuis l'annonce des résultats. Voici ma contribution.
Pour moi, le rejet de ce Conseil Unique d'Alsace était malheureusement prévisible vu la quantité impressionnante de défauts. J'ai beaucoup hésité pour mon vote partagé entre l'idée de voter OUI car l'idée était très bonne à la base ou NON parce que le projet était très bancal et souffrait de nombreux défauts. J'ai finalement décidé de voter blanc ne pouvant cautionner ni l'un, ni l'autre. Voici mes raisons:
- LE PROJET
En tant que citoyen raisonnable et intéressé à ce qui se passe dans mon pays et dans ma région, j'ai vraiment fait en sorte de m'intéresser au projet. J'ai multiplié mes recherches pour en apprendre plus sur tous les médias possibles: internet, presse régionale et nationale, magazine communal et intercommunal, blogs, sites internet, radio... J'ai pu petit à petit glaner des infos sur ce projet que l'on nous présentait. Et plus, je me renseignais et plus le projet avait un effet répulsif. De partisan fervent au début à l'époque où seule l'idée de fusionner était réellement avancée sans que l'on connaisse le contenu, je suis devenu indécis mais légèrement partisan du OUI avant de finir par voter blanc. Plusieurs choses m'ont franchement dérangé:
1) 8 à 12 bassins de vie. Déjà sur leur nombre, les élus ne sont pas d'accords, les chiffres fluctuent. Soit on sait combien on en crée, soit on ne dit rien donc on avoue que le projet n'était pas ficelé comme il aurait du l'être. Ensuite, je n'ai jamais réussi à comprendre à quoi ces bassins allaient servir. Pourtant je me suis renseigné ! Quels devaient être leurs rôles, quels élus y siègeront, quels territoires, quelles interactions avec les autres instances ? Aucune réponse à ces questions, ou alors chers amis de tc-alsace, donnez-moi la réponse, ça me permettra d'être un peu moins con ! Puis, mine de rien ça va encore faire une couche de mille-feuille de plus ! Après les quartiers, les communes, les communautés, les métropoles, les pays, les cantons, les arrondissements, les départements, les régions, les eurodistricts et l'Etat, voilà maintenant qu'on nous propose un nouveau truc: le bassin de vie !!! Pourquoi vouloir créer quelque chose de nouveau alors que l'on veut faire un choc de simplification ? On a pas déjà assez de territoires comme ça ?! Il nous en faut encore un de plus avec de nouveaux conseils par dessus le marché ?! Enfin, pour moi ce n'est vraiment pas la solution. Une idée beaucoup plus logique aurait été de faire en sorte que la population puisse voter pour les élus communautaires, ce qui serait logique après tout, car aujourd'hui les gros enjeux locaux se jouent à la CUS, à la M2A, à la CAC... Ce que je propose c'est qu'il y ait un vice-président de chaque communauté qui soit élu par la population pour siéger au niveau régional. Il représenterait son territoire et ferait remonter à la région les problèmes et les projets. Pour moi, ces bassins de vie, ça ne tient pas debout.
2) Deux conseils départementaux: je mettrais ma main au feu, que ce truc a été créé spécialement pour tous les élus attachés au département et qui le défendent bec et ongles (ces gens-là, je les appelle les huitres, car ils s'accrochent à leur rocher et il est impossible de les y déloger). Si on supprime les conseils généraux, ce n'est pas pour recréer par derrière des conseils départementaux. Ensuite, je le répète, des conseils avec quels élus, quels rôles, quelles interactions avec les autres instances ?
3) 3 conseils: un exécutif à Colmar, un délibératif à Strasbourg et un consultatif (le CESER) à Strasbourg ou peut-être à Mulhouse selon des rumeurs. Quelle usine à gaz ! A ce propos, Mulhouse était censé récupérer certains services: lesquels ? On n’a jamais su...
4) Strasbourg Eurométropole: voilà un territoire qui serait amené à faire sa petite vie à part en reprenant une partie des compétences du futur CUA ou CTA (ça dépend comment vous l'appelez). Mais en même temps, il faut absolument que Strasbourg soit la capitale avec tous les sièges ! C'est tout de même incroyable ! C'est un peu comme si on voulait diriger la France depuis une capitale étrangère ! Les métropoles très franchement, je ne vois pas à quoi ça va servir. Pourquoi faudrait-il traiter Strasbourg et son agglo à part ?
5) Les économies: personne n'a pris le temps de calculer comment on pourrait restructurer concrètement les services en doublon et combien on va pouvoir économiser ! Buttner dit que l'on ne fera pas d'économies, Kennel dit qu'on va faire des petites économies, Richert est persuadé qu'on va faire de grosses économies. Accordez vos violons les gars !
- LA CAMPAGNE
1) Là aussi selon moi c’était la catastrophe. Déjà ça démarré tardivement cette campagne. Un mois avant le référendum on ne savait pas grand-chose en termes d’idées. Pour moi, il aurait fallu une campagne bien plus longue où les élus auraient pris le temps de présenter le projet dans les détails, de répondre aux moindres questions des habitants. De faire des débats participatifs dans les communes, demander aux gens ce qu’ils attendent.
2) Le flou, les zones d’ombre. Elles étaient omniprésentes dans cette campagne. Et lorsqu’il y a du flou, soit les opposants s’engouffrent dans la brèche, soit certaines personnes commencent à faire des suppositions toutes aussi incroyables (et fausses) les unes que les autres. Ce projet n’était pas clair !
- LES MEDIAS
1) Je trouve que les grands médias régionaux qui ont fait campagne pour le oui, n’ont pas su expliquer suffisamment bien les programmes. Je trouvais que les articles tournaient un peu en rond en disant toujours deux choses : on fusionne et on met 2 sièges. Ca n’allait pas au-delà je trouve.
2) Un mois avant le référendum il y a eu un sondage donnait 75% de OUI. Je ne sais pas comment les instituts de sondage ont calculé ça, mais je doute très franchement que les trois quarts des sondés votaient oui. Avec tous les gens attachés au département et les gens qui n’appréciaient pas le projet, plus les gens qui ne se prononcent pas ne connaissant pas le projet je me demande bien comment ils arrivent à 75%. Dans les journaux, on pouvait lire que le oui est largement devant et qu’il faut juste faire attention à la participation. Loin du résultat final !
3) Les médias nationaux ne se sont pas beaucoup intéressés au référendum alsacien donc pas de médiatisation ou très peu à ce niveau-là. Que ce soit la presse papier, les sites internet des grands quotidiens ou les chaînes de télé, on a très peu parlé de cet événement. On aurait eu la même chose en Ile-de-France, on aurait fait l’événement du siècle.
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