Citation:
Cette fois c'est officiel, la 2nd phase ne sera pas pour demain, au delà de 2030,
voir même 2050
Non, pas 2050 : le projet est classé parmi les secondes priorités, c'est-à-dire au-delà de 2030, pas parmi les projets à réaliser après 2050.
(après, vous allez me dire : si le projet est classé comme devant être réalisé "après 2030", cela peut tout à fait être en 2050 )
A noter que M. Buttner menace de suspendre la participation du Haut-Rhin au financement de la seconde phase de la LGV Est.
Le rapport complet de la Commission Mobilité 21 est disponible
ici. J'ai commencé à le lire ; si vous avez un peu de temps devant vous, je vous conseille d'en faire de même car c'est très intéressant.
Mais après-tout, n'y a-t-il pas effectivement bien plus important en France comme projet de transport à financer que ces 35+15 km ? Mon analyse à travers 3 exemples de projets retenus :
la Route Centre Europe - Atlantique (Mulhouse Chalon-sur-Saône // Genève Mâcon - Moulins - Limoges - Angoulême Bordeaux // Poitiers Nantes).
Sur sa partie centrale, entre A71 vers Montluçon et A6 à Chalon-sur-Saône et Mâcon, cette route est probablement la plus meurtrière de France. Malgré sa configuration tout à fait inadaptée au trafic qu'elle supporte, elle reste un aspirateur à poids-lourds du fait de sa gratuité. Le projet, retenu par la CM21, consiste à la mettre intégralement à 2x2 voies.
Certes, le transport routier a de moins en moins la côte politiquement (mais demeure de loin le mode de transport numéro 1) et le programme autoroutier touche à sa fin, mais il reste encore de nombreux points noirs sur le réseau français, et celui-ci en est un. Il est indispensable de le traiter car le nombre d'automobilistes perdant la vie chaque année sur cet axe est impressionnant (principalement des collisions frontales avec les poids-lourds).
l'amorce de la ligne nouvelle Paris - Normandie, entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie
Sur la ligne actuelle cohabitent non sans difficultés un important trafic banlieue ainsi que tous les Intercités normands. Ces conflits de circulation rendent la situation de plus en plus intenable alors que le trafic banlieue ne va cesser de croître (le RER E va prochainement être prolongé à Mantes-la-Jolie) et que l'offre IC vers les Normandies ne demande qu'à être développée.
Je connais suffisamment bien l'axe Rhin-Rhône et la ligne haut-normande pour pouvoir affirmer sans retenue que ce dernier projet est 1000x plus important que les 35 km de LGV dans le Haut-Rhin.
Après tout, qu'est ce qui compte le plus ? Améliorer les conditions de déplacement quotidien, donc de vie, de millions de personnes ou bien faire gagner quelques minutes à une infime partie de la population alsacienne voyageant en TGV ? Je rappelle que de très nombreux habitants de Rouen, Evreux, Vernon, Mantes-la-Jolie, voire même Caen font quotidiennement l'aller-retour sur cet axe pour se rendre sur leur lieu de travail à Paris ou à la Défense.
Par ailleurs, un autre aspect de ce projet est intéressant : il ne s'agit aucunement d'une ligne à grande vitesse et le gain de temps n'est pas la priorité n°1. Elle devrait pouvoir être parcourue à 200/220 km/h maximum et tous les types de trains pourront l'emprunter. L'objectif est clairement de fiabiliser l'exploitation aussi bien des Intercités que des Transiliens. La priorité n°1, ce sont les trains du quotidien.
Traitement du noeud lyonnais
Je connais moins ce cas que l'exemple précédent de l'ouest parisien, mais je sais que la situation y est tout autant critique. J'ai eu l'occasion de passer très récemment par la gare de la Part-Dieu un vendredi soir : il suffit d'observer la cohue et le chaos qui y règne pour tout comprendre ; ceci étant aussi bien valable pour la circulation des trains que pour la gestion des flux de voyageurs sur les quais et dans l'enceinte de la gare.
Il faut savoir que, par le jeu des intersecteurs, le moindre incident sur le noeud lyonnais peut avoir une incidence sur le réseau ferré français en entier.
Exemple : le 6874 (Marseille - Strasbourg via le Jura) aborde le noeud lyonnais à l'heure. Malheureusement, des retards sur des TER convergeant vers Lyon ont perturbé le noeud entier. Après avoir déjà pris 10 min de retard en étant bloqué derrière un TER omnibus en retard en entrant dans Lyon, le 6874 doit stationner en entrée de la gare de la Part-Dieu faute de voie à quai de libre. Au final, il repart de cette dernière gare avec 20 min de retard. Manque de chance, il se retrouve à nouveau derrière un TER omnibus (qui lui est à l'heure) sur la ligne vers Bourg-en-Bresse, gare à laquelle il arrive donc avec 35 min de retard. La suite du parcours se fait sur la voie unique Saint-Amour - Mouchard via Lons-le-Saunier, et ses contraintes d'exploitation qui découlent de ce type d'infra. Le retard augmente car le 6874 doit attendre sur un évitement qu'un train croiseur à l'heure libère la voie. Il arrive à Besançon Viotte avec 55 min de retard et doit ensuite laisser passer le 9215 Paris - Zürich, à l'heure, avant de s'insérer sur la LGV Rhin-Rhône. Arrivée à Mulhouse vers 17h10, avec 1h10 de retard et en pleine heure de pointe. Le temps de rebrousser et le TER200 96232 part à l'heure vers Strasbourg avant lui. Manque de chance, ce dernier s'arrête à Sélestat, ce qui n'est pas le cas du TGV : le retard augmente donc encore de 5 min. Résultat : 1h15 de retard à l'arrivée à Strasbourg.
Bien sûr, c'est un peu caricatural, mais cela montre comment un grain de sable perturbant le noeud lyonnais perturbe au final toute la France...