Le président du conseil général du Bas-Rhin veut provoquer une réunion avec Philippe Richert et Charles Buttner avant l’été.

L’échec du référendum, Guy-Dominique Kennel reconnaît avoir mis « quinze jours à le digérer ». « Depuis deux ans, toutes les politiques avaient été pensées, en tenant compte du futur conseil unique », assure-t-il. Aujourd’hui, de nombreux électeurs l’approchent pour regretter leur vote. Ah bon vraiment ?!

« Si c’était à refaire, il aurait fallu mettre en place une approche différente de l’électeur » , reconnaît le président bas-rhinois, surpris du nombre de gens qui, soit n’ont pas reçu le document validé par l’État, soit disent ne pas y avoir trouvé les réponses à leurs questions. Mais il y a eu un manque de moyens, dû à une mauvaise évaluation des coûts, la somme demandée par l’État ayant été supérieure à celle annoncée. Et dès lors, il a fallu rogner sur la communication. « Ceux qui étaient pour le non ont gagné à court terme, l’Alsace a perdu à moyen et à long terme » , pointe-t-il. Et le large oui dans le Bas-Rhin – mais avec une participation cependant inférieure aux 25 % requis, alors que le Haut-Rhin a voté non – ne le console pas. Néanmoins, « il ne s’agit pas de créer des frontières fortes entre les trois collectivités ». « Ce qui peut être mieux fait entre le Bas-Rhin et le Haut-Rhin (NDLR : il s’agit des conseils généraux), ou entre les deux Départements et la Région, doit faire l’objet d’une convention » , affirme-t-il. C'est bien de l'avoir compris. Bon début.
Non au tout à Colmar

Le président Kennel a demandé à ses services de faire « un état des lieux des collaborations entre collectivités » , mais aussi à ses vice-présidents de « réfléchir aux priorités et aux domaines dans lesquels il faudrait accélérer cette collaboration ». Il cite le très haut débit, la démarche Alsabail pour le crédit aux entreprises, avant d’insister sur « l’enseignement de la langue régionale, qui nécessite une démarche plus incitative ». Et de souligner : « Nous devrons voir, avec d’autres régions, comment obtenir du gouvernement la signature de la charte des langues régionales… »

Évidemment, le Bas-Rhinois n’a pas oublié la fusion des agences économiques et touristiques, véritable serpent de mer. « Nous avons un état des lieux sur les différents modes de fonctionnement et les moyens » , a-t-il rappelé, sans plus de précision. On croit comprendre que, dans le Haut-Rhin, les rémunérations seraient plus importantes… « Mes collègues bas-rhinois ne sont pas enthousiastes pour tout regrouper à Colmar, dont le maire a dit non au référendum » , prévient-il. Et de demander qu’on tienne compte de « la nouvelle donne ». Lui qui estime « avoir été constructif » lors des négociations, quitte à « avaler de couleuvres » , est décidé à se montrer « plus incisif ». Mais « un accord sur la fusion des agences doit être trouvé avant la fin de l’année ».

Depuis le référendum, il a rencontré Philippe Richert. Mais avec Charles Buttner, les relations en sont restées au niveau épistolaire. Pas de coup de fil ? « Vous vouliez que je le félicite ? » lance-t-il. L’ambiance risque d’être électrique, lors de la rencontre des trois présidents. Néanmoins, Guy-Dominique Kennel insiste pour qu’elle ait lieu avant l’été. Comme c'est étonnant !
le 15/05/2013 à 05:00 Yolande Baldeweck

Charles Buttner : « Fédérer nos assemblées »

Après l’échec du référendum sur la fusion des collectivités, le président du conseil général du Haut-Rhin plaide pour un travail en congrès « banalisé » qui fédère les trois assemblées.

Charles Buttner a préféré attendre « un temps apaisé » pour analyser le vote du 7 avril. Pour le président du conseil général du Haut-Rhin, la cause est entendue : « La fusion était par nature trop institutionnelle, trop technocratique, trop restrictive. Elle n’a pas assez parlé à l’âme et au cœur de nos concitoyens. Au contraire, elle a généré des peurs. »

« Méfiance face à la recentralisation »

Charles Buttner reproche notamment à l’État de n’avoir donné « aucun engagement » aux Alsaciens : « La question posée était entièrement déconnectée des objectifs inscrits dans notre projet. »

Autre argument avancé, le poids largement sous-estimé des « identités » et des « territoires » et une « méfiance face à la recentralisation qu’on retrouve bien dans le vote du Haut-Rhin ». Charles Buttner relève, carte à l’appui, que dans le Bas-Rhin aussi, « plus on vit loin de Strasbourg et plus on a voté non ». Et d’évoquer un « sentiment de différence de traitement des territoires éloignés ».

En ce sens, le résultat du référendum marque à ses yeux « l’attachement peut-être encore renforcé » des Haut-Rhinois à leur département, « collectivité de proximité par essence ».

« Marée pour la fusion »

Charles Buttner dit avoir senti venir ce mouvement au fil des mois. « La marée pour la fusion était extrêmement forte. J’ai préféré faire avancer le projet pour l’Alsace plutôt que de chercher à diviser. » Droit dans ses bottes, le président du conseil général juge « improbe de désigner des coupables ».

Il n’a, dit-il, jamais appréhendé le référendum « comme un aboutissement ou un plébiscite politique » , mais seulement comme « une étape parmi d’autres dans le processus de reconquête économique de l’Alsace ».

Prochaine étape alors ? « La fusion ne se fera pas, mais les objectifs initiaux sont plus que jamais d’actualité » , martèle Charles Buttner, qui cite le développement des territoires, les grandes infrastructures, le multilinguisme, l’ouvertu-re trinationale. Le président du Haut-Rhin rêve toujours d’une « rheinvolution » en direction de la métropole bâloise et d’un « choc de coopération » qu’il n’attend plus du gouvernement, « pour avancer à armes égales » avec les voisins suisses et allemands.

Ce cadre posé, rien n’empêche, souligne-t-il, de « se réunir en congrès, fédérer nos assemblées ». Pour le président du Haut-Rhin, il s’agit de « banaliser » ce travail en congrès pour « définir une stratégie pour l’Alsace et mettre en complémentarité nos politiques ». « Les aspects stratégiques relèveraient de la Région et la proximité des conseils généraux », poursuit Charles Buttner, mais sans « chef de file » désigné.

Ne pas travailler « en catimini »

Au nom d’une meilleure coordination de l’action publique, il inverse même le raisonnement en imaginant que la Région puisse « s’inscrire dans les contrats de territoire de vie » engagés par les Départements. Un appel du pied en direction des 9 millions d’euros du « plan Richert » dévolus aux collectivités ?

Voilà globalement le schéma que devrait proposer Charles Buttner lors de la prochaine rencontre des trois présidents, réclamée par Guy-Dominique Kennel ( L’Alsace du 15 mai) : « Il faut qu’on prenne acte ensemble de ce qui s’est passé, mais il ne faut pas reproduire cette situation où l’on disait qu’on travaillait en catimini » , prévient le président du Haut-Rhin.

Concernant la fusion des agences économiques et les réticences bas-rhinoises à tout concentrer à Colmar, Charles Buttner répond encore « fédération » : « Nous proposons de longue date qu’une seule agence soit composée de deux structures territoriales et d’un comité d’engagement paritaire qui assurerait l’équité territoriale et un portage de l’Alsace tout entière. »

le 26/05/2013 à 05:01 Clément Tonnot

Concernant l'Alsace, on évoque à nouveau la fusion Alsace - Lorraine. Mais France 3 Lorraine (suite à de nombreux commentaires concernant un sondage) traite également le scénario d'une cassure de la Lorraine en 2. D'un côté, la Moselle, qui rejoindrait l'Alsace, et de l'autre, les 3 autres départements, rejoignant la Champagne-Ardenne.