L’arbre sonore qui cache la forêt
Le conseil municipal a donné son feu vert hier à la commande d’une œuvre d’art sonore pour la place du Marché de Neudorf. Un projet pour le moins audacieux, signé Philippe Lepeut, mais qui a fait l’unanimité.
Une pergola qui relie la médiathèque de Neudorf jusqu’à la route du Polygone, à deux pas du théâtre Le Scala. Des jets d’eau et un aménagement très vert. Des haut-parleurs qui seront accrochés de manière pérenne dans les arbres de la place du Marché. Voilà ce que l’on pourra découvrir dans quelques mois, à l’issue du réaménagement de la place du Marché, a détaillé hier Daniel Payot, adjoint au maire de Strasbourg en charge de la culture.
Pour en arriver là, l’expertise du CEAAC, a été demandée. Le Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines, est un outil créé il y a tout juste 25 ans par Robert Grossmann, sous l’impulsion de la Région Alsace, du conseil général du Bas-Rhin et de la Ville de Strasbourg dans le but de démocratiser l’art contemporain auprès d’un large public.
Chants d’oiseaux, ambiances naturelles et voix mêlées
Parmi plusieurs propositions en lice, c’est celle de Philippe Lepeut qui a été jugée la plus pertinente par le comité de sélection du CEAAC. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, l’artiste utilise la photographie, la vidéo et le son pour confronter l’apparition des images à des contextes urbains. Depuis 2002, il est professeur à l’école des arts décoratifs de Strasbourg, devenue il y a peu la Haute école des arts du Rhin. C’est lui qui est à l’origine du projet intitulé « Limonaire : Syneson ».
Il s’agit d’un environnement sonore s’inscrivant dans l’espace et souhaitant participer tout en légèreté et discrétion à la nouvelle forme de la place et à ses nouveaux usages. Étonnant : à l’avenir, chants d’oiseaux, ambiances naturelles et voix seront mêlés pour arrêter, surprendre et ravir les passants « dans le respect des riverains », promet Souad el Maysour, conseillère municipale et vice-présidente de la CUS chargée de la culture.
Le budget global de l’opération s’élève à 93 000 € hors taxes, honoraires et cessions des droits artistiques compris.
Robert Grossmann s’est félicité de la « démarche mise en œuvre pour arriver à ce projet ». « L’appel à un jury est une méthode qui porte ses fruits », a-t-il insisté, ravi que le CEAAC soit impliqué dans ce projet.
Des divergences avec « Point de convergence »
À l’inverse, Robert Grossmann regrette que cette méthode tranche avec celle qui a été adoptée pour l’acquisition de la sculpture « Point de convergence » qui sera inaugurée samedi place d’Austerlitz.
L’ouvrage en question se composera d’un plan-relief de la grande île, signé de l’artisan allemand Egbert Broerken, et de bas-reliefs de Raymond-Emile Waydelich tirés du plan et de détails de la cathédrale. « On nous dit que c’est une œuvre de l’artiste local Raymond Waydelich, mais le dessus de la table d’orientation est d’un autre concepteur », pointe-t-il.
L’élu d’opposition, ex-président et créateur du CEAAC, renchérit sur la différence de prix, le budget d’acquisition de la pièce s’élevant cette fois à quelque 150 000 €.
« Point de convergence est bien l’œuvre de l’artiste Raymond Waydelich, réplique Roland Ries. C’est une œuvre qui s’inscrit dans l’aménagement de la place d’Austerlitz. »
Quant à la méthode employée, le maire de Strasbourg ne s’interdit pas de faire confiance tantôt à un jury, tantôt au conservateur.
Pour sa part, la présidente du comité de sélection de l’œuvre sonore de la place du Marché, Souad el Maysour, souligne les vertus de ce travail de collaboration avec le CEAAC, tout en s’inquiétant des financements à venir pour cette institution culturelle régionale.
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