Chantier en approche

Démolition, reconstruction, réaménagement : la métamorphose de l’îlot du Printemps s’annonce spectaculaire. Jusqu’en juin 2014, la vie quotidienne du secteur situé autour des rues Thomann, du Noyer et Haute-Montée promet d’être chamboulée. Perspectives.

Ce chantier n’a rien d’une petite affaire. D’une part, parce qu’il implique un grand magasin, d’autre part, parce que celui-ci est implanté au cœur de la ville.

La première phase des travaux démarre dès ce mois de mai avec la démolition de l’auvent situé 11, rue de la Haute-Montée.

Deux options sont retenues : soit l’opération sera étalée du 2 au 4 mai avec une intervention nocturne, de façon à peser le moins possible sur la vie du quartier, soit elle sera programmée de jour le 1 er mai en profitant de ce dimanche férié où aucun tram ne circule. Le feu vert devrait être donné mardi par l’inspection du travail.

2012, année charnière

Par ailleurs, un tunnel sera mis en place, afin de sécuriser le cheminement des piétons sous les échafaudages. Des agents de prévention de la CTS seront sur place pour orienter les gens, tandis que la police municipale veillera à mesurer la bonne adaptation du public à ce nouvel environnement, sachant que ledit tunnel se fondra dans le paysage jusqu’en avril 2012, tant que les échafaudages perdureront, rue de la Haute-Montée.

Car dans la foulée, on passera à la démolition des façades. À noter que celle du n° 11, sera reconstruite à l’identique puisqu’elle fait partie des monuments classés, ce qui n’est pas le cas de ses jumelles du 7 et 9, rue de la Haute-Montée.

Puis, début 2012, il sera procédé aux travaux d’aménagements intérieurs du futur magasin Printemps qui ne fera plus qu’une seule et même entité.

La métamorphose du Printemps prendra ensuite une tournure extérieure et esthétique avec la pose des rideaux de tôle couleur champagne étalée de mars à décembre 2012. Pour une inauguration envisagée en janvier 2013. Même si le magasin reste ouvert pendant toute la durée du chantier.

Parallèlement auront débuté au mois de juin prochain les travaux, rue du Noyer, avec la démolition, puis la reconstruction du bâtiment destiné à accueillir des logements.

Il reste que le chantier de l’îlot du Printemps s’apparente à un casse-tête pour les techniciens. C’est le cas notamment des échafaudages qui seront dressés début 2012 au 1 et 3, rue de la Haute-Montée.

Leur emprise devrait recouvrir le trottoir, si bien qu’une réflexion est en cours entre la Ville et la CTS pour déplacer l’arrêt « Homme-de-Fer » situé le long du Printemps et qui concerne les lignes B, C et F.
Le passage de la rue Thomann fermé au public

Voilà pour l’esquisse de réhabilitation de l’îlot du Printemps. Mais ces travaux d’Hercule auront également un prolongement rue Thomann.

Mesure la plus conséquente : le passage actuel entre les deux bâtiments du magasin sera réservé à la zone de chantier.

Ce qui occasionne la fermeture au public de ce tronçon de la rue Thomann jusqu’en juin 2014. En conséquence, l’entrée du magasin « Toto Tissus » est transférée du n° 15 au n° 12.

Si les accès pour les riverains sont maintenus, un escalier en fer est actuellement aménagé en cas d’évacuation sanitaire à l’intérieur du Printemps.

De même, les livraisons du magasin se feront pendant cette période de travaux derrière le parking souterrain, tandis que les neuf places de stationnement devant l’hôtel Mercure seront neutralisées et réservées aux véhicules des différents corps de métier intervenant sur le chantier. Ces mesures devraient intervenir dès le 2 mai prochain.

Enfin, pour parachever l’aspect spectaculaire de ce chantier au centre-ville, une grue à tour, dont la portée de la flèche culmine à 60 mètres, devra se frayer un chemin dans cette zone de chantier de type confetti. Mais pas avant 2012…

Patrick Schwertz

La rue du Noyer entièrement transformée ?

Le groupe B & O de Denis Oussadon s’intéresse à tout le côté impair de la rue du Noyer, jusqu’au quai Kellermann. Un projet mêlant commerces et logements est déjà dessiné mais une propriétaire fait de la résistance.

Dans le prolongement du magasin Printemps, rue du Noyer, Denis Oussadon a « un grand projet de logements et commerces, avec un vrai marché couvert ». En séjour à l’étranger, l’homme d’affaires n’a pas souhaité en dire davantage. Cependant, aucun permis — ni de démolir, ni de construire — n’a été déposé en mairie.

Où va aller la pâtisserie ?

Le groupe B & O a récemment racheté l’immeuble abritant l’agence strasbourgeoise de la Chaîne thermale du soleil et la pâtisserie Kautzmann. Quai Kellermann, le même projet mené par Denis Oussadon pourrait englober les bâtiments de la concession Smart et le parking du Printemps.

La société dirigée par Denis Oussadon disposerait alors d’un site exceptionnel, en plein centre-ville. Mais, au 3, rue du Noyer, juste entre la pâtisserie Kautzmann et un bâtiment du Printemps voué à la démolition, une seule propriétaire refuse de céder son immeuble. Un soulagement pour Delphine Schwanger, directrice de Josy tourisme qui possède une agence en rez-de-chaussée depuis 14 ans : « C’est un très bon emplacement et c’était même notre première adresse en dehors de la campagne ! »

La famille Kautzmann, qui tient la pâtisserie du même nom au 1, rue du Noyer, a quant à elle reçu un courrier l’invitant à prendre contact avec les avocats de M. Oussadon. Propriétaire du fonds de commerce mais pas des murs de la pâtisserie (vendus à B & O), elle devra quitter ses locaux au plus tard début 2012. Depuis, tous ses projets sont en suspens.

Installé rue du Noyer depuis 1975, Claude Kautzmann comptait transmettre sa petite entreprise de huit salariés à ses enfants : pâtissier, son fils Julien travaille avec lui depuis 20 ans, tandis que sa fille Aurélie s’occupe de la partie commerciale. « Il y a 10 ans, nous avons tout refait dans la pâtisserie, c’était un gros investissement », complète Claude Kautzmann.

Celui-ci devrait percevoir une indemnité d’éviction dont le montant est à négocier. Cependant, « il va être très difficile de trouver des locaux équivalents au centre-ville : nous avons ici un salon de thé, un espace de vente et, surtout nos laboratoires. Nous fabriquons tous nos produits sur place », insiste Claude Kautzmann. Lequel s’interroge : pour poursuivre son activité, la famille devra-t-elle quitter le centre-ville ? Etablir ses laboratoires en périphérie, à l’image d’autres pâtisseries ?

Même incertitude à l’agence strasbourgeoise de la Chaîne thermale du Soleil dont le directeur général n’a pu être joint à Paris. Installée rue du Noyer depuis 25 ans, l’agence bénéficie d’une bonne notoriété à cette adresse. Si l’activité médicale (cures sur prescription) ne devrait pas souffrir d’un déménagement, ce n’est pas le cas de l’activité remise en forme, qui dépend beaucoup du passage de la clientèle à proximité de la vitrine. Suite au rachat de l’immeuble, le projet de transformation de l’agence, qui devait être mené en ce début d’année (rénovation complète et changement de mobilier), a été annulé.

Julia Mangold