Le groupe Alstom et le Fonds stratégique d’investissement (FSI) ont bien déposé une offre ferme de reprise de Translohr. Mais pour Lohr Industrie, le compte n’y est pas.

Alstom et le FSI ont tenu hier à mettre les choses au point. Oui, ont-ils expliqué dans un communiqué commun, ils ont toujours l’intention d’acquérir conjointement 85 % de Translohr, la filiale de Lohr Industrie spécialisée dans les tramways sur pneus (DNA d’hier). Ils ont d’ailleurs déposé il y a plusieurs jours déjà « une offre ferme qui permettrait, si elle est acceptée, d’assurer la pérennité de cette activité en Alsace, de maintenir les emplois, d’exécuter les projets de transports publics en cours et de développer la technologie de Translohr ».

Cette offre, soulignent les deux acquéreurs potentiels, « serait accompagnée des injections de capitaux nécessaires pour préserver (l’)avenir » de Translohr. « Elle donnerait enfin à Lohr Industrie la possibilité de poursuivre sa propre activité ». Alstom et le FSI précisent encore qu’ils espèrent que leur proposition sera retenue rapidement.


Redressement judiciaire

Rien n’est moins sûr. Car cette offre est vraisemblablement inférieure aux 60 millions d’euros que Lohr Industrie espérait tirer de la vente de sa pépite. Alstom et le FSI font d’ailleurs remarquer qu’« après analyse approfondie prévue dans toute démarche d’acquisition, la situation commerciale et financière de Translohr est apparue beaucoup plus difficile qu’indiquée par son vendeur ».

Pour Robert Lohr, en tout cas, le compte n’y est pas. « Les négociations en cours ne correspondent pas à l’engagement initialement pris, ce qui n’est ni convenu ni convenable », a-t-il expliqué mercredi dans une lettre ouverte diffusée aux 930 salariés du groupe. Or « cette vente n’avait de sens que si la rentrée financière ainsi générée nous permettait de préserver notre outil de travail et d’attendre en confiance l’inéluctable redémarrage de l’activité porte voitures ».

Dans ces conditions, « pour sortir de cette impasse et gagner du temps, nous n’avons d’autre choix que de placer Lohr Industrie en redressement judiciaire », écrit M. Lohr. « Une telle mesure ne signifie absolument pas l’arrêt des activités ou l’abandon de la gouvernance à un tiers mais nous permettra au contraire, en gelant nos dettes, de gagner un temps précieux que nous utiliserons pour trouver un partenaire fiable ».

Pour le chef d’entreprise, « ce n’est pas la fin de Lohr Industrie mais simplement une étape de transition avant des jours meilleurs ».

Pas sûr que les salariés soient de cet avis. « Ce sont eux qui vont payer », estime Bouazza Nasri, délégué syndicat CFDT, qui s’attend, si l’entreprise est placée en redressement judiciaire, à un plan social massif.

Ils espèrent donc que les négociations toujours en cours finiront malgré tout par aboutir. Dans le cas contraire, l’entreprise pourrait se placer dès lundi sous la protection de la justice.

À mon avis, le constructeur chinois CSR va sûrement faire une nouvelle offre. Mais je préfèrerais que Translohr soit repris par Alstom, Bombardier ou Siemens.

Des effets collatéraux pour Siemens et la RATP ?

Les difficultés actuelles du groupe Lohr auront-elles des répercussions sur ses clients ou ses partenaires industriels ? Pour Siemens, qui a développé en partenariat avec le constructeur alsacien, le système de guidage par rail central qui équipe sa nouvelle génération de métro automatique Val (Cityval et Néoval), pas de problème, a expliqué à mobilicités Hervé de Lacotte directeur de la communication Siemens Infrastructure & Cities : "Le partenariat que nous avons noué avec Translohr est arrivé à son terme. Le Néoval/Cityval termine ses essais et nous sommes propriétaires des brevets du système de guidage développé avec Lohr."

La question se pose de manière plus aigüe pour le STIF et la RATP, qui doivent mettre en service en décembre 2012, une ligne de Translohr de 6,6 km entre Saint-Denis et Garges les Gonesses, via Pierrefite-sur-Seine et Sarcelles. A ce jour, une seule rame a été livrée sur une commande de 15. A priori si Lohr se déclare en cessation de paiement elle aura quelques mois de répit pour honorer cette commande.

Par contre le STIF a également passé une commande de 28 rames de la version la plus grande du Translohr ( 46 m de long), pour équiper sa future ligne T6 (Châtillon-Vélizy-Viroflay) qui doit être mise en service en deux temps entre 2014 et 2016 et dont les travaux ont débuté fin 2010.

Alstom-Lohr : accord signé

DNA Dernière minute.–
L’accord difficilement négocié depuis plusieurs jours pour la vente de la division de Translohr au groupe Alstom a été finalisé jeudi soir. Il ne devrait être officialisé qu’aujourd’hui, à tout le moins avant lundi, date limite fixée par la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg à laquelle cet accord sera présenté. Lohr Industrie s’était déclaré en cessation de paiement devant cette instance lundi dernier.

Alstom, avec l’appui du FSI, prendra le contrôle de l’activité tramway sur pneus du groupe alsacien, qui emploie quelque 200 personnes.

Selon diverses sources, le produit de la cession sera effectivement de 35 millions d’euros.

C’est moins que ce que le groupe Lohr espérait mais l’accord permet de desserrer l’étau des banques et permettra la poursuite de l’activité du groupe qui emploie plus de 900 personnes. «C’est un dossier très complexe, impliquant de très nombreux partenaires, il est normal que les négociateurs se soient donné un peu de temps», commentait hier un proche du dossier.

par A.L., publié le 07/06/2012 à 22:48

La justice commerciale a donné lundi une semaine supplémentaire au groupe alsacien Lohr Industrie, qui s’est déclaré en cession de paiement, pour conclure ses négociations avec Alstom et le FSI afin de leur céder sa division de tramway sur pneus Translohr, a indiqué l’entreprise.

La chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg a repoussé sa décision au 18 juin, a dit à l’AFP Jean-François Argence, le directeur commercial du groupe basé à Duppigheim (Bas-Rhin).

Sévèrement touché par la crise, Lohr emploie 940 personnes, dont plus de 700 travaillent au sein de Lohr Industrie, qui s’est déclaré en cessation de paiement. Le groupe compte sur la cession de Translohr à Alstom et au FSI pour obtenir une bouffée d’oxygène.

Les négociations sur cette cession étaient toujours en cours lundi matin, selon M. Argence. «C’est en bonne voie», a-t-il commenté.

«Cela avance, il n’y a pas d’inquiétudes», a indiqué de son côté une source proche du dossier. «Il reste des étapes juridiques à passer. Un conseil d’administration de la RATP doit se dérouler lundi pour les franchir», a-t-elle ajouté.

Selon cette source, Alstom et le FSI souhaitent que la RATP, qui a acquis des rames Translohr, renonce à des pénalités de retard que lui doit le fabricant alsacien, afin de diminuer le coût de l’acquisition.

Un porte-parole de la RATP a confirmé la tenue d’un «conseil d’administration extraordinaire en fin de matinée au sujet de Lohr».

«La question de pénalités de retard sera examinée», a-t-il ajouté, précisant qu’elles concernaient les lignes T5 et T6 en Ile-de-France.

Reprise de Translohr:
maintenant c'est fait, Alstom donne des garanties pour l'emploi


C'est fait, grâce au geste de la RATP, les négociations pour la reprise de Translohr par Alstom allié au FSI ont pu aboutir. Le PDG d'Alstom prend des engagements sur le maintien des emplois de l’activité de production de tramways sur pneus de Translohr.

"Alstom et le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) ont conclu positivement, avec le soutien actif du ministère du Redressement Productif, les négociations engagées avec Lohr Industrie pour la reprise de l’activité de production de tramways sur pneus Translohr" indique un communiqué signé conjointement par Alstom et le FSI et diffusé à l'instant (15h20, ce lundi).

"Alstom (51%) et le FSI (49%) reprendront 100% de cette activité, pour 35 millions d’euros.Patrick Kron, président directeur général d’Alstom, se félicite de cet accord, qui va permettre de préserver l’activité concernée en Alsace, de maintenir l’ensemble des emplois liés à cette activité, d’assurer la bonne exécution des projets en cours - en particulier pour la RATP, qui a aussi contribué à rendre cet accord possible, et le STIF - ainsi que de développer la technologie et les perspectives commerciales de Translohr grâce à l’appui des forces du groupe Alstom. L’accord sera finalisé à l’issue des procédures engagées, des processus d’information et de l’approbation des autorités compétentes", indique encore le communiqué.

Le geste de la RATP qui permet de tout conclure
La RATP a annoncé lundi avoir renoncé à 5,1 millions d’euros de pénalités dues par Translohr, division de tramways sur pneus du groupe alsacien Lohr en difficultés, dans le cadre du projet de reprise de cette activité par Alstom et de FSI.

Selon un communiqué diffusé à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire lundi matin, cette décision s’accompagne «d’un engagement de bonne fin d’Alstom pour l’exécution des contrats existants, sans majoration de prix».
Ces pénalités de retard, «dues à ce jour», portaient sur les projets des lignes de tramways de la région parisienne T5 (Saint Denis-Garges/Sarcelles) et T6 (Châtillon-Velizy-Viroflay).

Le PDG de la RATP Pierre Mongin s’était «assuré de la position favorable de Jean-Paul Huchon», président du Conseil régional d’Ile-de-France et président du STIF, autorité régulatrice des transports franciliens, qui est maître d’ouvrage des deux projets.
M. Mongin «s’est félicité de cette décision, qui devrait permettre au groupe Alstom de formaliser la remise de son offre concernant Translohr Industrie et garantir ainsi la réalisation de ces deux projets majeurs pour la région Ile-de-France, avec une mise en service la plus rapide possible, à l’été 2013 pour le T5, fin 2014 pour la première tranche du T6», a relevé le communiqué.

Selon une source proche des négociations, l’aboutissement des discussions sur le rachat de Translohr par le duo Alstom/FSI était suspendu au feu vert de la RATP, un client important de la société alsacienne.

Sévèrement touché par la crise, le groupe Lohr emploie 940 personnes, dont plus de 700 travaillent au sein de Lohr Industrie, qui s’est déclaré en cessation de paiement. Le groupe compte sur la cession de Translohr pour obtenir une bouffée d’oxygène.
Le tribunal de commerce de Strasbourg a accordé lundi une semaine de répit à Lohr Industrie afin de laisser le temps à ces négociations d’aboutir.

22 « délégués au redressement productif » vont être déployés en région, annonce Arnaud Montebourg. Le ministre affiche sa volonté de sauver des sites industriels, comme ceux de Lohr et de General Motors en Alsace.

« Nous ne souhaitons pas que la technologie de Lohr soit à la disposition de puissances étrangères et nous prive de développements industriels ultérieurs en Alsace. » Pour Arnaud Montebourg, le rachat de Translhor, filiale de Lohr et spécialiste mondial du tramway sur pneu, est un exemple de la méthode voulue par le ministre du Redressement productif : celle d’un interventionnisme public tous azimuts dans l’industrie, détaillé hier lors d’une conférence de presse à Bercy. Le FSI (fonds stratégique d’investissement), bras armé de l’État, vient en effet d’acquérir 49 % de Translhor et le groupe Alstom, 51 % ( L’Alsace de mardi), ce qui offre une bouffée d’oxygène au groupe industriel alsacien.

« Nous souhaitons éviter qu’une entreprise comme Lohr se retrouve en redressement judiciaire. Car 75 % de celles qui se retrouvent dans cette situation sont mises en liquidation et sont alors la proie des prédateurs qui viennent faire leur shopping à la barre des tribunaux de commerce », s’alarme le ministre. Ce dernier relève un « niveau de défaillance plus élevé aujourd’hui que pendant la crise », rappelant que 750 000 emplois industriels ont été détruits en 10 ans.

Pour agir en amont des procédures de sauvegarde, le gouvernement va déployer cette semaine des « délégués du redressement productif » : dans chaque région, ces médiateurs choisis par les préfets pour leur connaissance du terrain, seront chargés d’identifier et de prévenir les difficultés des entreprises locales – auprès des banques, de fournisseurs ou de sous-traitants… Selon Arnaud Montebourg, ces délégués combleront un vide. À double titre : ils remplaceront les commissaires à la réindustrialisation voulus par la précédente majorité et dont seuls six sont actuellement en fonction, où ils sont « laissés en jachère », selon le ministre ; en outre, ces délégués œuvreront auprès de toutes les entreprises, alors que le Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle) ne se consacre qu’aux sociétés de plus de 400 salariés. « En trouvant des accords avec les créanciers, les syndicats, les collectivités locales, le Ciri a obtenu des résultats très performants, permettant par exemple le sauvetage des jambons Madrange », relève Arnaud Montebourg.

Ce dernier souhaite aller plus loin et fera, lors de la conférence sociale les 9 et 10 juillet, des « mesures d’ordre législatif pour éviter les plans sociaux abusifs » ou les fermetures de sites rentables par les entreprises qui réalisent des bénéfices. Cela pourrait il concerner les « Schindler » d’Illzach, dont l’usine doit être fermée par le fabricant suisse d’ascenseurs ( L’Alsace de mardi) ? La délégation de salariés qui devrait être prochainement reçue à Bercy, obtiendra peut-être plus de réponses sur le soutien éventuel de l’État que L’Alsace hier… Interrogé sur les sites alsaciens en difficulté, Arnaud Montebourg a toutefois signalé qu’il rencontrerait prochainement la direction de General Motors Europe, afin d’évoquer l’avenir de leur usine de boîtes de vitesse à Strasbourg, que le constructeur américain compte revendre. Tout comme il compte mobiliser les pays européens concernés par la stratégie industrielle d’ArcelorMittal.

Cela laissera peut-être ces multinationales de marbre, mais au moins le moral est en acier…