Concernant les relations de Roland Ries avec Lohr Industries :
Citation:
Affaire du tramway de Bamako
Au départ, était un rapport sur le marché de Noël
L’information judiciaire, ouverte en octobre 2010 sur l’aide apportée par la ville de Strasbourg aux études de faisabilité d’un tram à Bamako (DNA d’hier) trouve en fait ses origines dans d’autres investigations, menées sur un curieux rapport, que la ville de Strasbourg avait payé en 2008. À propos du marché de Noël.
Avant d’être dépaysée vers Nancy au moment de l’ouverture de l’information judiciaire en octobre 2010, l’enquête concernant les études sur la construction d’un tramway à Bamako a été menée en préliminaire à Strasbourg, par le parquet. L’affaire avait été mise au jour dans la capitale alsacienne au cours d’autres investigations, celles menées en 2009 au sujet du « rapport » rédigé pour la municipalité à propos du marché de Noël.
Des « réflexions vagues et générales »
Écrit par deux consultantes en 2008, celui-ci devait donner de nouvelles pistes à la mairie pour améliorer la principale attraction touristique de la ville. Or, le document, constitué d’à peine cinq pages et quelques courriels, ne présentait que des « réflexions vagues et générales ». Il avait été payé 30 000 euros à la société Athéo mais la municipalité, au vu de la piètre qualité du travail fourni, avait demandé le remboursement de 70 % de cette somme. Entre-temps, une dénonciation anonyme était envoyée au procureur de la République de Strasbourg, entraînant l’audition, notamment, de Chantal Augé et Bernard Debry, qui étaient alors respectivement adjointe au maire et directeur général des services. La presse, via le Canard Enchaîné (DNA du 31/12/09), s’était fait l’écho de cette affaire mettant déjà en scène Roland Boehler, patron d’Athéo, ainsi que l’ancien Premier ministre Michel Rocard, lequel demandait au maire de Strasbourg de payer la somme due à son ami Roland Boehler.
On ignore encore comment l’enquête au sujet de ce rapport a pu faire « sortir » l’étude sur le tramway de Bamako.
Faits présumés de « favoritisme » et « recel de favoritisme »
En tout état de cause, l’instruction ouverte au cabinet du juge nancéen Mireille Maubert-Loeffel porterait sur les deux affaires. Elle vise notamment des faits présumés de « favoritisme » et « recel de favoritisme ». La magistrate travaille avec la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Strasbourg, sur commission rogatoire. Mais rien ne filtre sur l’enquête. Une source proche du dossier estime d’ailleurs que la révélation de cette affaire, en ce début de semaine, est avant tout « politique ».
Les deux dossiers ont été dès le départ dépaysés vers Nancy par la chambre criminelle de la Cour de cassation, à la demande du parquet général près la cour d’appel de Colmar. La justice, en agissant ainsi, cherche à assurer sa sérénité dans le cadre d’enquêtes portant sur une collectivité publique locale.
« Qui est Monsieur Boehler ? »
En septembre 2010, lors d’un conseil municipal de Strasbourg, le conseiller d’opposition (UMP) Robert Grossmann s’adresse au sénateur-maire (PS) Roland Ries : « Qui est M. Boehler ? ».
La question est sur toutes les lèvres, tant l’homme est présent dans l’environnement du maire. Roland Ries le présente comme un « conseil de Robert Lohr », l’industriel de Duppigheim dont le système de transport public est pressenti pour, un jour peut-être rouler à Bamako. Mais Roland Boehler est aussi présenté comme un « représentant du Mali à Strasbourg », un proche du président Amadou Toumani Traore (ATT).
M. Boehler est l’ancien directeur commercial de Groupama Alsace. Il est le patron de la société Athéo, basée à Wolfisheim. On le retrouve en 2009 dans l’entourage du patron du Racing-Club de Strasbourg, Philippe Ginestet. C’est dans le cadre de ses fonctions dans le football qu’il affiche son ambition de créer une « académie de sports-études à Bamako ». Un partenariat sportif avec le Mali, encore.
Consul honoraire, ou pas
Il était d’ailleurs, en décembre 2008, d’un voyage à Bamako avec Robert Lohr et Jean-François Argens, directeur commercial de Translohr. C’est un homme qui connaît bien le pays d’ATT. En juillet 2010, l’Office de radiodiffusion et de télédiffusion du Mali le filme lors d’une réunion à Bamako : il est présenté comme le « chargé de communication » de Roland Ries. La même année, le journal « Libération » révèle que Michel Rocard, encore lui, a adressé un courrier à Bernard Kouchner, ministre des Affaires Étrangères, afin que soit accélérée la nomination de M. Boehler comme consul honoraire du Mali pour Strasbourg et l’Est de la France. En pure perte, puisque l’homme n’a toujours pas ce titre à ce jour. Ce qui ne l’empêche pas d’être présenté comme tel lors des rencontres des villes partenaires de Bamako, à Angers, en mai 2011…
DNA par A. P. et D. T., publié le 21/02/2012 à 18:55
http://www.dna.fr/actualite/2012/02/21/ ... he-de-noel