Immobilier
Une dizaine de nouveaux gratte-ciel à Zurich


le 3 novembre 2010

En quelques années à peine, Zurich doit s’enrichir d’une bonne dizaine de gratte-ciel. Signe de reprise vigoureuse, c’est aussi une forme de revendication du statut de métropole de la part de la ville de Zwingli. Le paysage de Zurich-West, visible le long des voies ferrées menant à Berne, va en être complètement modifié. Dans cet ancien quartier industriel devenu un centre d’affaires branché, la Prime Tower a atteint cet été sa taille définitive de 126  mètres, ce qui en fait, durant quelque temps du moins, la plus haute tour de Suisse. A côté, la Mobimo Tower culmine à 81 mètres.

D’ici à 2013, quatre buildings de 60 à 80 mètres doivent les rejoindre dans un périmètre de quelques centaines de mètres, tandis que dans la périphérie, quatre autres tours vont se construire. Cette multiplication s’explique par l’exiguïté des surfaces encore disponibles dans la ville et le besoin d’en tirer le maximum de capacités. Pour les propriétaires des parcelles, c’est le moyen d’en obtenir le meilleur rendement. Style de vie aussi, la moitié des Zurichois vivent seuls. Pour de nombreux célibataires, rien n’est plus chic que d’habiter une tour au cœur d’un environnement urbain. [MV]

Trois p’tites tours

Voici la deuxième version du projet d’aménagement de la presqu’île Malraux qui a fait couler beaucoup d’encre l’automne et l’hiver derniers. Exit la grande tour de 100 m, en voici trois « petites » de 50 m. Qu’en pensez-vous ? L’ensemble du projet -la nouvelle ville en construction vers le Rhin- est visible dans la péniche de la SERS ancrée derrière la médiathèque Malraux, tous les jours de 13 h à 19 h, sauf le lundi.
Une perspective de la presqu’île Malraux avec les trois tours de 50 m, vues par Christian Devillers.

(Document remis Devillers)

Si vous voulez découvrir la nouvelle « nouvelle ville », la Strasbourg du futur, il faut aller à la péniche de la SERS (Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg). Jusqu’au 3 juillet, l’on peut y voir les projets de ce « morceau de ville » qui va pousser Strasbourg vers le Rhin.

La nouvelle « Neustadt »

Sacré morceau de ville ! La SERS propose une vue d’ensemble des trois quartiers qui se suivent et s’imbriquent : les « Fronts de Neudorf » qui vont de l’avenue de Colmar jusqu’au cimetière St-Urbain, la presqu’île Malraux derrière la médiathèque, et, dans le prolongement, l’écoquartier Danube.

« C’est la neue Neustadt, selon l’expression d’un journaliste », dit le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries, en inaugurant l’exposition, hier. La ville du futur que les maires successifs de Strasbourg rêvent de construire depuis 30 ans.

Obtenir une vision cohérente

« Aujourd’hui, dit Roland Ries, on est en phase opérationnelle. » On va construire. Mais « l’idée, c’est d’arriver à une cohérence urbanistique », comme pour la Neustadt « allemande » construite entre 1870 et 1918 par l’architecte Konrad.

Pour obtenir cette « vision cohérente », la Ville a demandé des études aux urbanistes Reichen et Devillers. Elle a aussi demandé l’avis des Strasbourgeois. On n’est plus au XIX e siècle.

C’est la méthode de la concertation, rappelle le maire : « On ne peut pas faire de projet urbain s’il n’y a pas consultation des conseils de quartier », des riverains, des associations.

En septembre dernier, Roland Ries avait présenté le premier projet -ou plutôt deux avant-projets des promoteurs Icade et Bouygues. qui, tous deux, prévoyaient une tour de 100 m de hauteur.

Les réactions des Strasbourgeois ont été majoritairement opposées aux projets. La tour de 100 m surtout, rappelle le maire, a déclenché « une forme de catharsis ». « À Strasbourg, on a la phobie des tours et des barres, à cause des constructions des années 50 et 60. Les riverains n’étaient pas vraiment hostiles à la hauteur, mais à l’emplacement. Je pense que maintenant, on a un bon compromis. »

Et ce n’est pas encore le compromis final ! Roland Ries insiste sur la concertation : « On est bien dans une démarche de coproduction urbanistique. » Ce projet Malraux-2, qui reprend des éléments « issus de la discussion publique », est désormais soumis à son tour au feu des critiques et propositions.

Pragmatique lenteur

Pour certains, ça ne fait pas sérieux de remettre l’ouvrage sur le métier, mais le maire défend sa méthode : « On l’a trouvée tâtonnante… » Mais c’est par cette façon de progresser, « lente, tâtonnante peut-être, pragmatique, empirique » que la ville du futur va se construire.

Devant un projet de cette ampleur, « les échéances électorales ne comptent pas, assure Roland Ries en rappelant que ces constructions vont s’étaler sur une vingtaine d’années. Ce qui est important, c’est l’intérêt de la ville. »

Roger Wiltz
http://www.dna.fr/fr/strasbourg/info/52 ... ites-tours

La nouvelle « Neustadt »...

La magie Devillers

Le charme de Christian Devillers agit toujours. Cet urbaniste qui a ramené l’harmonie sur la presqu’île Malraux, réconcilié l’écoquartier Danube avec les Rives de l’Étoile et apaisé le courroux anti-tour des Strasbourgeois, a de nouveau séduit le public vendredi soir, à l’entrepôt Seegmuller.

À quoi ça tient ?

Apparemment, il n’y a rien d’extraordinaire. Debout devant l’écran, Christian Devillers commente les diapositives projetées par l’ordinateur. Il explique les projets de la presqu’île Malraux, ceux de l’écoquartier Danube…

Il parle vite avec des mots de tous les jours. Parfois, surgissent des termes bizarres comme « agrafe », mais faciles à comprendre. Il s’agit de « rattacher » Malraux à Danube, un futur quartier à un autre futur quartier.

Des espaces vides, du nomansland de l’ancien port de Strasbourg, Christian Devillers fait surgir des « objets architecturaux », des triangles, des cubes, des coulées, des traverses.
Il y a du souffle, de la vie qui arrive

Est-ce que ce sont les mots qui nous impressionnent ?

Ce langage imagé appliqué au béton prend une allure poétique. Il y a du mouvement, de la grâce, l’imagination prend le relais et on entre dans ce « morceau de ville » qui n’existe pas encore.

Est-ce qu’au contraire les gens sont séduits, non par l’urbaniste et sa manière simple d’être virtuose, mais par les objets, justement, qu’il nous propose ?

Il y a des immeubles de différentes tailles, moyens, petits, grands, mêmes des tours. Ce ne sont pour l’instant que de petits parallélépipèdes blancs, des polyèdres élégants, mais neutres, sans couleurs, rien qui séduise.

Alors, c’est dans l’ordonnancement des choses ?
La séduction est réciproque

Là où auparavant deux groupes de bâtiments tâchaient d’avoir de l’allure en regardant chacun de son côté, essayaient d’exister pour eux-mêmes, il y a maintenant des ouvertures, des lignes, des liens, des liaisons, des mouvements qui se dessinent, des perspectives qui se creusent. De la vie qui arrive.

Il y a une vision. Il y a du souffle. Le béton -ou plutôt- la ville imaginée, respire.

C’est la deuxième fois que j’assiste à une réunion publique avec Christian Devillers. La première fois, les gens découvraient le projet. Il n’y avait plus la grande tour de 100 m qui semait la zizanie. Ce qui a calmé les colères.

Est-ce parce que l’urbaniste parisien a débarrassé les Strasbourgeois de la tour qu’ils semblent désormais lui vouer de l’admiration ? En tout cas, ils adorent l’écouter, discuter, dialoguer avec lui.

La séduction est réciproque. L’urbaniste nous a confié qu’il était tombé sous le charme de Strasbourg et que le dialogue éclairé, coopératif et direct avec les Strasbourgeois, élus, gens de métier comme simples citoyens, lui rendait la tâche agréable et plaisante.

Lors du débat qui a suivi la présentation, plusieurs personnes ont fait l’éloge des projets. Ont remercié le présentateur. « Vous nous avez bluffés », dit même Jean-Jacques Fix, président de l’APSANE, habituellement plus critique. « Bluffé dans le bon sens », reprend-il. Et de proposer que Christian Devillers soit saisi de « l’agrafage » des Rives de l’Étoile avec l’îlot St-Urbain, ce lopin de terre devant le cimetière St-Urbain où doit se dresser… une tour (50 m).

Un autre intervenant, lui, n’est visiblement pas tombé sous le charme. Il reproche à Devillers d’être parisien, pas biologiste et de créer des courants d’air avec ses percées vers la Forêt-Noire.

L’urbaniste assume sa parisianité, reconnaît ses lacunes en biologie, -mais « je suis entouré d’une équipe presqu’entièrement strasbourgeoise, dont un merveilleux biologiste du Jardin botanique »- et assure qu’on s’occupera aussi de savoir d’où soufflera le vent.
Gagner quelques étages… à la descente

L’intervention de ce monsieur, qui fustigea aussi la pression de la foule à la porte des tramways aux heures de pointe, a été perçue par certains comme une agression et, à la fin du débat, ils sont allés présenter des excuses à l’urbaniste.

Tout serait donc bien dans le meilleur des mondes ?

Pas si vite. Alain Kossak des Résidents des Rives de l’Étoile trouve que sur la demi-place Jeanne-Helbling, les immeubles sont un peu trop grands. Il faut encore gagner quelques étages… à la descente…

C’est ainsi que l’urbaniste parisien et les citoyens strasbourgeois « co-construisent », selon l’expression du maire, Roland Ries, le Strasbourg du XXI e siècle.

Roger Wiltz
http://www.dna.fr/fr/strasbourg/info/53 ... -Devillers