Le débat se fait un tunnel

La première réunion publique concernant le futur bus à haut niveau de service entre la gare de Strasbourg et Schiltigheim a fait émerger une opposition assez ferme au projet tel que présenté.

Un bus à haut niveau de service est prioritaire aux carrefours et circule la plupart du temps sur des voies réservées. Moderne et spacieux, il a une vitesse d'exploitation « comparable » au tram (en fait, 18 à 22 km / h en ville), une fréquence élevée aux heures de pointe, une amplitude horaire de 5 h 15 à minuit. En outre, la réalisation d'une telle ligne est plus rapide et moins coûteuse que celle d'une ligne de tram. Dans la brochure distribuée généreusement ce jeudi soir au centre culturel Victor-Schoelcher de Cronenbourg, la Ville de Strasbourg et la Communauté urbaine avaient visiblement à cœur de convaincre. En fait, c'était tout de même un peu raté.

Le scénario Rotonde

« Les Cronenbourgeois restent amers par rapport au plan tram abandonné dans le quartier », résume Laurent Cécile, directeur du centre socioculturel. Par ailleurs, ceux qui ont étudié le tracé proposé pour le BHNS sont très sceptiques sur son efficacité. « Si votre bus tient le quart d'heure de trajet entre la gare et la chambre de métiers à Schiltigheim, le matin aux heures de pointe, je mange la tour Eiffel avec ses fondations », s'indigne la présidente de la CSF, Monique Grall. En cause principalement le passage de la ligne projetée sous le pont ferroviaire rue Wodli, dans le sens gare-Schiltigheim, et surtout au retour dans le tunnel Marais-Vert / Wodli.
« Vous allez dépenser une fortune pour faire circuler le bus en site propre route de Hochfelden, tout ça pour l'envoyer in fine dans les embouteillages du centre-ville », a lancé un des participants à la réunion. Les techniciens ont beau répliquer que le bus devrait avoir au moins une voie dédiée (retirée donc aux automobiles) dans ces passages, le doute demeure. Y compris pour l'adjoint du quartier Serge Oehler : « C'est un point qui doit être affiné : peut-être même faudra-t-il trouver une alternative. » D'autant, insiste encore une dame, que « le but n'est pas de contraindre encore la circulation automobile, ni là ni sur le boulevard Wilson où le tram-train perturbe déjà beaucoup la circulation ».
Un membre du conseil de quartier, soutenu par une belle majorité des intervenants dans la salle, a fait valoir que les Cronenbourgeois préféreraient de loin « que ce bus démarre depuis l'arrêt de tram Rotonde vers Schiltigheim, à travers la cité ». Il fait valoir l'habitude des usagers, aujourd'hui, de passer par Rotonde pour joindre le centre-ville et la gare. « Vous ne voulez pas de rupture de charge (changement de mode de transport, ndlr) pour les gens venant de la gare et se rendant à l'espace européen des entreprises, mais vous considérez la rupture normale pour les habitants », ont fait valoir ces derniers.
Serge Oehler a ronchonné : « Si on évite 7 500 salariés en voiture qui passent à travers la cité (nucléaire, ndlr), ça sera tout de même un mieux-être pour les habitants ! » Tout en reconnaissant que l'étroitesse des rue Lavoisier ou Becquerel, par exemple, pourraient constituer un souci aussi pour la cohabitation du bus et des voitures. « Là encore, on devra trouver des solutions pour la sortie des véhicules privés sur ces voies ».

Sans la SNCF

En revanche, l'idée de l'ex-conseiller municipal du tandem (aujourd'hui rallié au Modem) Frédéric Le Jehan d'utiliser les voies ferroviaires existantes pour faire le même trajet en tram-train a été retoquée avec vigueur. Outre un coût « doublé pour une rame de tram-train par rapport à celui d'une rame de tram », lesdits rails ne servent aujourd'hui qu'au transport de marchandises. Et même s'ils transportaient des voyageurs, les discussions avec la SNCF ne sont même pas envisagées, du côté de la Ville. « Quand on voit les problèmes qu'on rencontre juste pour faire nettoyer les bordures de voies... », a lâché Serge Oehler.

MSK

Prochaine réunion publique sur cette nouvelle ligne mardi 1er février à 18 h 30 à l'hôtel de ville de Schiltigheim, route de Bischwiller.

Matériel : Une dizaine de bus articulés prévus, de longueur standard (18 mètres). Prix moyen : 300 000 à 900 000 €