Un an après l’inauguration de la statue de Gandhi sur la place de l’Étoile, la ferveur est retombée. La statue paraît aujourd’hui bien esseulée, à côté d’un bois amené à disparaître. L’opposition s’en émeut.

« Je ne veux pas que ma maison soit murée de toute part ni mes fenêtres bouchées, mais qu’y circule librement la brise que m’apportent les cultures de tous les pays », peut-on lire gravé sur le socle de la statue de Gandhi. Pour le coup, le Mahatma a été entendu. Personne ne vient, de près ou de loin, troubler sa quiétude, dans la petite prairie qui l’accueille, au fin fond du parc de l’Étoile.

Dans son dos, Neudorf. Si ce quartier a l’avantage d’être le plus peuplé de la ville, on ne peut pas en dire autant de la vénérable statue, bien esseulée à l’orée du petit bois – cette ancienne pépinière non prélevée à temps, déjà condamnée et amenée à disparaître, petit à petit. Rien, ni (presque) personne ne semble contrarier, ni retenir la marche en avant de Gandhi, bâton en main, en direction de la cathédrale. À part l’un ou l’autre promeneur, parfois accompagné d’un chien.

Fabienne Keller : « Absence de considération… »

Car le parc n’est pas un lieu de transit, contrairement à la piste cyclable qui passe côté Rivétoile, une des plus fréquentées de Strasbourg. Même les touristes – ils sont nombreux pourtant, « un million par an » selon l’adjoint au tourisme Jean-Jacques Gsell –, déposés et recherchés de l’autre côté du parc, ignorent que la statue de Gandhi, sculptée par Ram Sutan, se trouve là. Dommage, considère l’ex-maire Fabienne Keller. Dans un courrier qu’elle adresse à Roland Ries, elle déplore, outre la « faible visibilité » du choix de l’implantation, « l’absence totale de mise en valeur et donc de considération à l’égard de ce monument ». « Aucune mise en scène », ni « la nuit », ni le jour, et « quasiment impossible d’accès puisqu’aucun cheminement n’a été prévu depuis les trottoirs alentour », fustige-t-elle. Et la conseillère municipale d’opposition de faire la leçon au maire : « Pour qu’un tel objet d’art et symbolique trouve sa place dans une ville et soit approprié par les habitants et les touristes, il ne suffit pas de le disposer sur un espace libre, il convient de l’intégrer à un aménagement global, afin qu’il soit […] mis en valeur et ouvert sur les autres. » Le maire a dû apprécier à sa juste valeur le conseil. Venant de celle qui a géré la pépinière du parc de l’Étoile.
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La rénovation de l’entrée de Neudorf, côté Etoile, a démarré. Mais la maison de l’ARAN pose encore problème : même si (presque) tout le monde a accepté qu’elle soit démolie, le règlement de la ZAC ne l’autorise pas encore.
L’affaire semblait réglée: la maison de l’ARAN devait être «déconstruite» et remplacée par une programme immobilier neuf.

Finalement, c’est un peu plus compliqué que ça. Il va falloir changer «le PAZ de la ZAC», explique Philippe Bies, adjoint. Explication : le bâtiment se trouve dans le périmètre de la ZAC Etoile, dont le règlement, fixé en 1998, interdit la démolition.

Contrairement aux maisons attenantes (les grandes façades grises, rue de la Schwanau et la maison rue de Nomény) qui devraient être démolies d’ici la fin de l’année, le permis de démolir l’ARAN n’existe donc pas encore.

Le problème est d’ordre réglementaire : il faut changer le plan d’aménagement de zone (PAZ). Cela passe par une délibération de prescription du conseil municipal (à l’ordre du jour de la réunion de lundi). Puis par une enquête publique (novembre-décembre), une délibération des conseil municipal et de CUS (en février), etc. Au mieux, la démolition devrait intervenir en mai 2013, 2 mois après le permis de démolition.
La réhabilitation coûterait 960000 euros

Il faudra donc protéger la bicoque au moment de la démolition des maisons voisines, un «surcoût» pour les chantiers.

Pourtant, après plusieurs réunions, les associations du quartier avaient fini par se ranger à l’idée d’une démolition. La réhabilitation du bâtiment, en très mauvais état de l’avis de tous les experts, coûterait environ 960 000 euros. Tout ça pour une maison qui, bien que «pittoresque» et témoin d’une époque révolue, n’a pas de grande valeur architecturale. Même l’architecte des Bâtiments de France s’est rangé à cette solution.

Seuls quelques «morceaux» semblent vraiment dignes d’intérêt et en suffisamment bon état pour être conservés : les deux piliers et le linteau en bois à l’entrée. Mais surtout «l’angle intérieur qui crée une sorte de petit jardinet», qui marque un «point de repère» sur cette route du Polygone, note l’architecte neudorfois Gérard Altorffer.

Ce dernier, consulté par le biais du promoteur Immobilière des Quais (qui contruira le bâtiment attenant, rue de la Schwanau), imagine une «ponctuation» dans la route du Polygone, à jumeler avec la terrasse du programme d’Icade (actuellement en construction au 20, route

du Polygone). «On a imaginé une œuvre qui reprendrait les éléments d’intérêt, et pourquoi pas une horloge, qui servirait de point de repère et qui rappellerait ce patrimoine». L’artiste Depoutot a commencé à plancher sur le projet. Des locaux associatifs et au moins trois logements pourraient être construits sur la parcelle. CUS Habitat pourrait être le maître d’ouvrage.

En parallèle, l’architecte Pierre Kern, riverain, a décidé de se mobiliser pour que soit maintenue la maison. Lui estime qu’il serait criminel de la démolir et a lancé une pétition dans le quartier... sans le soutien de l’ARAN.
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg ... 819E899B8A

Aux abords de la place de l’Etoile, quatre programmes immobiliers sont prévus dans le cadre de la ZAC Etoile, gérée par la Sers.

A l’angle Polygone/route du Rhin jusqu’à l’avenue de Colmar, à côté de la maison de l’ARAN, là où se dresse aujourd’hui la façade grise, l’Immobilière des Quais doit réaliser 35 logements, dont 14 pour CUS Habitat.

Juste à côté, devant l’arrêt de tram, Pierre & Territoires construira 37 logements (dont 16 pour CUS Habitat), en cours de commercialisation.

Entre l’avenue de Colmar et la voie de tram, c’est l’îlot Lombardie. Perspectives y construira 31 logements et deux locaux commerciaux. Enfin, l’agence Bowfounds & Marignan construira un immeuble de 46 logements.

Au total, 149 logements sont donc prévus sur cette façade, ainsi qu’au moins deux locaux commerciaux. Les travaux pourraient démarrer début 2013, selon l’avancée de la commercialisation.

En revanche, sur la route du Polygone, le chantier Icade du 14-20 route du Polygone (hors ZAC Etoile) avance à grand pas : sont prévus 47 logements, dont 15 en locatif social, et 4 locaux commerciaux en pied d’immeuble (avec une terrasse). Le tout devrait être livré au 4 e trimestre 2013.

La chaussée sera également refaite jusqu’à la rue de Mulhouse et la route du Polygone élargie pour les vélos, courant 2013.
http://www.dna.fr/culture/2012/09/21/14 ... e-l-etoile

En outre, « la rue de l’Ancienne-Douane pourrait devenir quasi-piétonne, avance l’élu. La ligne de bus a vocation à s’arrêter parc de l’Étoile. Et il ne reste qu’un garage auquel il faudrait garder un accès ».
http://www.dna.fr/loisirs/2012/11/27/du ... nne-douane