La Ville en débat Pascal Mangin
La rentrée à Strasbourg est placée sous le signe d’une grande morosité économique. Le sénateur-maire ne semble rien faire, rien entreprendre, rien proposer pour engager la dernière phase de son mandat. Tel Ray Ventura et son orchestre, il entonne à tue-tête « Tout va bien Madame la marquise ». Cela ne trompe personne sur les nuages qui s’amoncellent sur notre ville.
Que va-t-il advenir du Wacken-Europe et quelles sont les réelles difficultés du projet ?
Le sénateur-maire et le président de la CUS ont sillonné pendant plusieurs mois les salons immobiliers de France, en agent commercial de Bouygues Immobilier, pour commercialiser des immeubles de bureaux à construire sur un terrain qui n’avait pas encore été vendu. Or, ce qui était présenté comme le « Manhattan » de Strasbourg ne serait plus aujourd’hui qu’une simple opération immobilière de type Bruckhof avec logements et logements sociaux.
De son côté, M. Fontanel, ne reculant devant aucune exagération, tente de nous faire croire que la remise à plat du projet Wacken-Europe découle de demandes et recommandations émises par le conseil de quartier de la Robertsau en terme de nombre de logements. Nous saluons cet hommage à la démocratie participative.
C’est en plein été que le vaisseau amiral de communication et d’attractivité économique de la municipalité a pris l’eau. Depuis près d’un an, nous avons dénoncé au cours d’une vingtaine de conseils municipaux et communautaires l’irrégularité juridique et l’absence de garanties pour l’intérêt public dans ce dossier. Là où nous demandions la défense du patrimoine de Strasbourgeois autour de la vente d’un terrain central et stratégique de près de 100 000m 2, les réponses ont toujours été teintées de mépris.
Il est à présent du devoir du sénateur-maire de dire la vérité à ses administrés. Nous souhaitons, qu’il nous indique qu’elles ont été les relations financières entre Bouygues immobilier et la Ville pendant cette période et les conséquences financières liées à l’abandon de ce projet.
Enfin, nous pensons qu’il est temps de lancer une consultation publique à l’échelle de l’agglomération et tout particulièrement auprès des acteurs économiques sur leurs attentes quant au devenir de ce site privilégié. À quelques mois des élections municipales, la décision ne saurait être préemptée par une municipalité qui a échoué sur tant et tant de projets.
Une période critique pour l’attractivité de Strasbourg
Les difficultés rencontrées pour créer un quartier d’affaires au Wacken peuvent être liées au manque d’attractivité de Strasbourg et de son agglomération au cours des dernières années. Le Wacken-Europe n’est hélas qu’une illustration de la période critique que traverse notre ville en termes d’attractivité économique. Ces difficultés résultent en partie des signaux envoyés par la municipalité aux partenaires économiques et institutionnels en termes de fiabilité, de confiance, de dynamisme et de rayonnement.
L’abandon du GCO qui était un élément central de la respiration et du développement économique de notre agglomération ; les déclarations répétées des membres de la majorité municipale contre la deuxième phase du TGV Est et la poursuite du TGV Rhin-Rhône ou le grand rallye d’Alsace sont autant de signaux négatifs. On peut y ajouter l’incapacité à mener à bien le projet de l’Euro 2016 ; les attributions opaques d’opérations d’aménagement aux promoteurs ; l’échec du projet des tours de la presqu’île Mal-raux ; l’absence d’une action ambitieuse et structurante via de grands projets…
Plus encore, le sénateur-maire et le président de la CUS se sont montrés incapables de conduire une action forte et déterminée lorsqu’Air France a annoncé son intention d’abandonner la desserte de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Les autres collectivités avaient pourtant montré leur soutien à l’initiative de réduction des taxes aéroportuaires pour tenter de donner un nouveau souffle à notre plateforme aéroportuaire.
Tous ces éléments renvoient une image négative et instable de Strasbourg qui n’est pas à la hauteur des compétences, des forces vives et capacités d’innovation de notre ville.
Aujourd’hui c’est également, le projet de rénovation du PMC qui semble en danger du fait de l’incapacité du sénateur-maire à trouver un accord avec le gouvernement socialiste. Après les 100 premiers jours de la présidence de M. Hollande, aucun engagement tangible, aucun geste concret n’est venu conforter la dimension européenne de Strasbourg. Pire, les négociations sur la signature du contrat triennal se déroulent dans un climat de grande tension.
Le débat de la rentrée se focalise sur les invectives entre le PS et les élus EELV sur l’autorisation de se baigner dans le Herrenwasser. Est-ce à la hauteur des enjeux ? Au moment où le gouvernement est atteint par une crise de « commissionnite aigüe », nous pensons qu’il est temps de réunir à Strasbourg toutes les forces vives pour engager un dialogue de qualité et décider ensemble des mesures qui doivent être mises en œuvre, pour que Strasbourg et son agglomération retrouvent une attractivité réelle. »
http://www.dna.fr/loisirs/2012/09/01/de ... us-manques